Faisant d'indéniables progrès dans sa recherche d'un cinéma adulte, mais se modelant pour la seconde fois sur Kubrick (soit un assez étonnant mentor, tellement éloigné du spectacle et de la générosité spielbergiens), Spielberg réalise avec "Minority Report" ce qui est "presque" un grand film pessimiste. Il faut par ailleurs noter la construction très hitchcokienne d'un scénario qui peut évoquer celui de "la Mort aux trousses", surprenante approche (beaucoup moins "innocente") du cinéma pour un réalisateur qui a toujours été brillant, mais dont on a pu souvent taxer les films de "naïfs". Pour que notre plaisir soit complet, il aurait fallu néanmoins que Spielberg ne gâche pas tout, ou presque, avec sa dernière demi-heure, happy end improbable empêchant le film de se clore sur la véritable - et magnifique - impasse kubrickienne, et rabaissant son sujet à celui d'un thriller assez conventionnel. [Critique écrite en 2002]
Déception sensible à revoir ce "Minority Report" dont je gardais un bon souvenir : un Tom Cruise pénible malgré sa transparence, une mise en scène tombant dans le n'importe quoi à force de multiplier les effets de filtre, placements produits envahissants, et surtout ce scénario à la conclusion bâclée qui concentre toute son attention sur le "who dunnit" plutôt que sur le vertige éthique que le sujet phildickien aurait dû engendrer... Pas vraiment brillant...
[Critique écrite en 2014 après un nouveau visionnage du film]]