Tom Cruise envers et contre les visions

Selon l'accroche du film, il s'agit du meilleur film de Spielberg. Je pense que si on lui donnait un centime chaque fois qu'on disait qu'un de ses films était son meilleur film, il serait encore plus riche qu'il ne l'est maintenant. Parce que non, ce n'est pas le meilleur film de Spielberg (hum Jurassic Park, hum, la Liste de Shindler, hum Indianna Jones 3, hum, les Dents de la Mer). Cela dit, c'est l'un de ses meilleurs, même s'il m'a fallu 3 visionnages pour le hisser au niveau des meilleurs Spielberg, même des plus récents comme Le Pont des Espions ou Ready Player One (oui, je vais critiquer ce film dans pas longtemps).

Qu'est-ce qui m'a gêné dans ce film auparavant ?

Oui, parce qu'autant dire direct, je n'aimais pas ce film auparavant. Et les films de Spielberg auquel je n'accroche pas sont quasi-inexistants. Même Indianna Jones 4 je l'aime bien ! Même quand c'est un film que je trouve très mineur comme Cheval de Guerre ou la Guerre des Mondes ou que j'avais du mal à entrer dedans mais qui s'avère vraiment bien comme A.I, je ne dis pas que je n'aimais pas le film. Mais Minority Report, j'ai eu le même problème avec l’Étrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher. Il y avait une certaines distances. Mais bon il faut croire que la 3e était la bonne tant le film est un excellent film de s.f à la Blade Runner. D'ailleurs c'est bien de comparer les 2 films. En effet, Minority Report prouve qu'on peut faire une adaptation d'une oeuvre de Philip K.Dick ou proche sans pour autant que ce soit un film à la Blade Runner (n'est-ce pas Altered Carbon ?). Le film oscille entre monde contemporaine et monde futuriste et Spielberg maîtrise très bien son sujet. Le monde est vraiment proche d'un polar qui utilise très bien son univers de manière à ce qu'on est aussi intéressé par le sort des personnages et des mécanismes qui régissent le film (chose que Bright et Mute n'ont pas su faire). Dès les premières minutes, on sait comment marche l'univers et dès qu'on est plongé dans le feu de l'action, on sait à peu prêt comment le monde marche, même s'il nous réserve quelques surprises. La musique de John Williams est dans la même veine que les musiques de films d'action de cette période et elle est vraiment marquante. Autre grande qualités, les personnages.

John contre le reste du monde

Le héro John (Tom Cruise) est un héro à la Tom Cruise. Cela dit, il est plus dans le style Edge Of Tomorrow que le style Jack Reacher. Il va même plus loin dans la mesure où il est prêt à tous les sacrifices afin de prouver son innocence. Mais comme dans ses rôles dans Edge Of Tomorrow ou Oblivion, il est dans une situation qu'il tente de maîtriser mais qui ne parvient pas à comprendre. On est dans l'histoire de l'exécutant piégé et un homme avec un passé très marqué qui a toutes les signes qu'il pourrait devenir un tueur (d'ailleurs, la scène d'intro du film est parlant concernant la psychologie de John et du suspect.

Danny Witwer (Colin Farrell), aurait pu être un personnage contre le héro et au début il est traité comme tel, cependant, il s'agit d'un rôle bien plus neutre et travaillé, faisant de lui un bon antagoniste et posant les bonnes questions sur le système. Cependant, au bout d'un moment, on sent qu'il s'agit d'un personnage qui préparait le terrain au véritable antagoniste du film; c'est un peu dommage car il avait plus d'envergure et de potentiel (en plus Colin Farrell le joue très bien).

L'autre personnage intéressant étant le directeur Lamar Burgess (Max Von Sidow) qui joue le rôle de père de substitution de John au début et qui spoiler...est l'antagoniste principal du film. C'est peut-être un retournement cliché mais la transition et l'exploitation du personnage en amoindrie un peu les effets.

Agatha (Samantha Morton) est une des 3 précogs que se servent la société précrim. Comme les jumeaux qu'elle accompagne, elle est dotée d'un don de préscience que la société exploite. C'est un personnage assez meurtrie et mal en point qui ne fait que subir ses dons. Ses capacités sont traitées ici comme une malédiction et non un cadeau. Cela dit, elle reste vraiment attachante et est une vraie aide pour John.

D'ailleurs elle forme un meilleur couple avec lui que Lara (Kathryn Morris) qui est ici une aide secondaire mais importante.

Les autres personnages sont plus secondaires mais ont chacun leurs importances : Gordon (Neal McDonough) est le type même du meilleur pote tiraillé par le devoir que lui impose sa fonction et sa loyauté envers Joe. Jad (Steve Harris) est une aide précieuse et utile et forme un binôme plutôt cool pour Joe. Dr Iris Hineman (Lois Smith) est le médecin qui est à l'origine du projet précog. Elle n'apparaît que pour une scène mais elle permet dans saisir les aboutissants du projet. Même le très drôle Dr Eddie Solomon (Peter Stormare) qui est aussi marquant que dans Armageddon. Je ne parle pas de la victime supposée de Joe (Mike Binder) qui n'est là que pour semer le trouble.

Connaître les crimes à l'avance...la solution ?

Le film pose une question qui est aujourd'hui pratiquement sur-demandée dans les œuvres de fictions (voir même avant , salut Retour Vers le Futur , en particulier le 3). Mais au lieu de se contenter de poser la question dans une situation sur la possibilité d'un tel système, il le pose dans un monde où le système est en place et fonctionne. Le personnage de Colin Farrell pose des questions morales alors que Précrim est plébiscité. Surtout on a dans la balance un personnage principal qui avait des motivations de croire en ce système mais qui malheureusement se trouve parmi les suspects. Ce qui est bien avec ce film est qu'il montre à quel point le système marche dans la première demi-heure du film tout en expliquant un fonctionnement qui peut sembler normal aux yeux des membres de précrimes mais qui s'avèrent vraiment cruels pour les précogs. Du coup, les limites du système sont donnés dès le départ. Le reste du film mettra de plus en plus en avant les failles du système et comment il peut être déjouer. Bien sûr on a l'évitable mantra des "apparences trompeuses", mais l'ensemble est bien raconté et montre que le futur bien que prévisible peut -être déjoué et que les prédictions ne sont pas toujours fiables et ne tiennent non plus pas compte du contexte, voir peuvent être influencées si on connaît bien les tenants et aboutissants. Je trouve que ce film maîtrise très bien son sujet et ne se perd pas dans divers chemins qui l'aurait pu le rendre moins pertinent. Bref pas comme Civil War 2 qui â la même filiation mais qui se rate pour provoquer la guerre des super-héros la plus inutile de Marvel (je veux dire : Même Pokemon a réussi son épisode Minority Report - like). Du coup, on a une histoire bien écrite et captivante, sachant nous surprendre comme il faut, malgré une fin assez classique et un happy-ending évident mais qui fait plaisir.

Bon film de S.F selon Spielberg

S'il n'est toujours pas mon film de science fiction par Steven Spielberg préféré (j'hésite entre Rencontre du 3 Type et Ready Player One maintenant , et Jurrassic Park est au-dessus), il a réussi quand même à se hisser parmi mes Spielberg préféré. Un film d'action pure dans la veine d'un Blade Runner sans le singer et qui a réussi à être parmi les films de s.f les plus cultes et les bonnes adaptations des œuvres de Philip K.Dick. A voir et à revoir.