Lettre d'amour à la capitale.
« Minuit à Paris » est ma piqûre de rappel avant « Magic in the moonlight ». Les deux projets de Woody Allen se ressemblent en effet plus que de raison. Si j’en ai aimé un, pourquoi ne pas aimer l’autre ?
« Minuit à Paris » dispose de tous les arguments pour plaire.
Le style déjà, qui est absolument typique de tout ce qu’est le cinéma d’Allen. Les dialogues sont omniprésents, vifs et intelligents. La pensée du réalisateur est ainsi finement retranscrite à l’écran. Qu’en-est-il de la représentation de la capitale ? Soyons honnêtes, elle n’a rien de réaliste. C’est une vision de rêveur, perçue à travers un voile de romantisme. Pas sûr que Woody Allen se soit baladé en dehors des quartiers chics de la capitale. Mais qu’importe, qu’il garde sa belle et innocente vision ! Paris est la capitale de l’amour et de l’art, le réalisateur l’a bien compris. Son œuvre transpire le romantisme et la nostalgie. Tout, jusqu’à la photographie, est délicat et émerveille la provinciale que je suis. Le film, même s’il ne dresse pas un portrait authentique, a le mérite de faire rêver tous les passionnés de peinture ! Imaginez rencontrer dans le même bar Dali, Buñuel et Man Ray ! Imaginez recevoir des conseils privés de la part d’Hemingway ! Imaginez danser en compagnie de Scott et Zelda Fitzgerald ! Le héros rencontre tous ces immenses artistes, et pour ça je ne peux m’empêcher de l’envier !
Le reste de la vie de Gil suscite moins l’admiration. Sa fiancée l’emprisonne et est en totale opposition avec son amour des choses simples, un des anciens compagnons de la jeune femme refait surface, et comme si cela ne suffisait pas, ce dernier est un insupportable je-sais-tout. L’envie de Gil de se trouver ailleurs, sa façon de regretter le temps où tout était moins compliqué est compréhensible, tout comme son attrait pour la superbe Adriana. Les deux personnages sont attachants avec leur nostalgie du passé. Finalement, chaque génération enviera toujours les précédentes, rattachant à ce temps passé le glorifiant terme d’âge d’or. Le propos, à l’image de cet ultime échange entre Gil et Adriana, n’entraînera pas de grandes réflexions sociétales ou de message. Il est finalement assez simple, comme la mise en scène de Woody Allen.
Les acteurs réunis sont pour la plupart assez bons, sauf exceptions. Michael Sheen est comme toujours excellent et insuffle toute la suffisance et le charisme nécessaires à Paul pour faire de l’ombre à Gil. Owen Wilson s’adapte finalement mieux que prévu au style de Woody Allen, tout comme Marion Cotillard, à qui les années vingt vont à merveille. Mon jugement concernant Rachel McAdams est plus nuancé. Son personnage est creux, et du coup rarement intéressant. Du côté des français, Gad Elmaleh est très amusant dans son rôle et se révèle bien meilleur que Carla Bruni et Léa Seydoux. La plupart du temps, les acteurs interprètent un personnage de leur nationalité, ce qui est assez plaisant.
Il est sûrement inutile de le rappeler, mais le film est à voir en version originale absolument afin de garder l’esprit sur les disparités linguistiques sévissant entre les différents protagonistes.
« Midnight in Paris » est donc un joli film, que ce soit dans sa photographie, ses propos, ou dans l’enchaînement de ses évènements. A croire que la seule ambition de Woody Allen ait été de partager son incommensurable amour pour la France et sa capitale, chose qu’il réussit d’ailleurs plutôt bien.