Difficile de classer ce film. Eastwood y pratique le mélange des genres pour à la fin nous livrer quelque chose qu'on pourrait résumer par une expression vieillotte et fourre-tout, un film "d'atmosphère".
D'abord, l'action se passe à Savannah, ville de Géorgie, juste à la frontière avec la Caroline du Sud.
C'est Down South avec la chaleur moite, les personnages excentriques (celui qui vit entouré de mouches) ou débonnaires (celui qui promène une laisse sans chien), la présence mystique du Vaudou. Il est utile de voir le film en VO car on peut y savourer les accents typiques, très nonchalants, du sud.
Le personnage central du film est Jim Williams (Kevin Spacey), un antiquaire et amateur d'art à Savannah qui a réellement existé et dont le scénario s'inspire pour décrire l'aspect un peu sulfureux du bonhomme.
Le film démarre par la fête qu'organise Jim au moment de Noël et où les invités (les notables de la ville) sont triés sur le volet. Justement, un jeune romancier, John Kelso (John Cusack) de New York, qui travaille à l'occasion pour une revue, y est convié pour couvrir l'évènement. Le film se poursuit par le meurtre d'un jeune homme (Jude Law) dans lequel Jim semble impliqué puis se termine par le procès de ce dernier. Le romancier journaliste décide de rester à Savannah car, d'une part il prend goût à cette vie sereine et d'autre part, il y flaire la bonne histoire à transformer en roman.
Le film est très long (2 h 30) mais on ne s'y ennuie pas grâce à la galerie de personnages hauts en couleur. Par exemple, La Lady Chablis, une show-woman d'un genre très spécial (…), ici dans son propre rôle qui, à elle toute seule donne une certaine coloration au film. On ne s'ennuie pas dans le film, disais-je, du fait de cette "atmosphère" légèrement mystique avec cette vieille clocharde noire adepte du culte vaudou, qui en sait bien long sur le pouvoir des morts sur les vivants. Et pour donner un avantage à Jim Williams dans ses démêlés avec la justice, rien de tel qu'une petite cérémonie de derrière les fagots, à minuit, dans le cimetière (le jardin du bien et du mal) où a été enterré le jeune homme assassiné.
Pour comprendre les vivants, tu dois communier avec les morts
La bande-originale très jazzy, les chansons belles et mélancoliques des génériques de début et de fin, accompagnent très bien ce film en le rendant attachant et envoûtant.
Les scènes du procès avec les manœuvres tortueuses des avocats ou encore les scènes du bal des débutantes black, qui dansent sur des valses viennoises, sont intelligentes et, ma foi, assez irrésistibles.
D'ailleurs, pour conclure sur ce film que je qualifiais "d'atmosphère" ou encore de "mélange des genres" au début de ce pensum, je peux dire que l'humour léger et permanent qui imprègne le film en fait un excellent divertissement.