C'est ainsi que John Kelso, journaliste new-yorkais et protagoniste du film, qualifie la ville de Savannah, où se déroule la totalité de l'action de "Minuit dans le jardin du bien et du mal". Ville typique du sud des USA, dont on pourrait affirmer sans peine qu'elle en est le personnage principal.
Dans un décor somptueux de demeures coloniales et de végétations luxuriantes s'ébat une faune humaine dont les ressortissants sont tous plus barrés, outranciers et excentriques les uns que les autres. Formant une communauté (à l'abri du besoin, précisons le) chaleureuse et festive. Ca c'est pour les bons côtés, la face sombre en étant constituée par les armes à feu, les commérages, la superstition et la dope. On ne placera bien entendu pas sur le même plan, l'atroce mauvais goût vestimentaire (du moins à mes yeux) dont font preuve les habitants de Savannah.
Et le film est à l'image du coin, déroutant, touffu et agréable et aussi par moments lent et irritant. Difficile en fait de dire si Eastwood a simplement voulu faire un film sur le sud des USA ou bien s'il poursuivait un autre dessein. Bien sur, Jim Williams est un milliardaire cynique, monstre de sang-froid (très bien joué par Kevin Spacey). Certes, il ne l'emporte pas au paradis, mais finalement l'histoire est peut-être plus celle de John Kelso, et de la façon dont il va se faire - au propre comme au figuré - envouter par Savannah.
Ca reste tout de même un bon film, très bien réalisé, avec quelques très bonnes scènes placées ça et là (le bal des débutantes noires, le show de Lady Chablis, les plaidoiries de l'avocat de Williams...). Mais j'en suis sorti un peu désorienté, peut-être envouté, qui sait ?