Considéré comme le titre le plus faible de la filmo prestigieuse de Clouzot, cette adaptation d'un vaudeville de Flers et Cavaillet est pourtant loin d'être honteuse, la virtuosité du cinéaste permettant souvent d'éviter le syndrome du théâtre filmé.
Ainsi, tout le dernier acte où se mêlent représentation de la pièce et échanges hors-scène est un modèle d'inventivité en matière de mise en scène, avec un mouvement permanent.
J'ai beaucoup aimé aussi le début de la pièce, dès l'introduction dynamique où mère et fille reviennent d'une soirée au théâtre, égratignant d'emblée l'esprit étriqué de la petite bourgeoise provinciale.
En revanche, entre ce démarrage prometteur et une dernière demi-heure enlevée, le cœur du film apparaît nettement plus laborieux, pénalisé par une intrigue assez quelconque, avec plusieurs passages moins inspirés (le running gag pénible où Jouvet rembarre sa voisine de table), quelques longueurs, et une narration parfois confuse.
Par ailleurs, on a reproché (à juste titre) aux acteurs une forte tendance au cabotinage, surjouant comme sur une scène de théâtre (on y revient) : j'avoue que le plus souvent ça ne m'a pas dérangé, tant Saturnin Fabre, Danièle Delorme ou Bourvil, pour ne citer qu'eux, ont du talent à revendre et une aptitude à susciter le rire et la bonne humeur par leurs mimiques et leurs outrances.
A cet égard, j'ai beaucoup apprécié les petits apartés et les clins d'œil au spectateur de la part des comédiens, aussi théâtral soit le procédé.
Finalement, le seul que j'ai trouvé excessif et décevant, c'est le grand Louis Jouvet, qui hérite d'un rôle assez fatigant, roulant les syllabes avec un fort accent, au point qu'on ne comprenne pas certaines répliques.
Comédie inégale et pas forcément subtile, "Miquette et sa mère" offre malgré tout un bon moment de divertissement. Pas le meilleur Clouzot, c'est une évidence, mais il faut dire que le lascar avait mis la barre très haut avec ses autres titres...