On ne percevra pas le talent et l'univers de Clouzot dans cette comédie de boulevard un peu sotte aux commandes de laquelle on est par conséquent surpris de trouver l'auteur du "Corbeau" et de "L'assassin habite au 21".La noirceur et la causticité acerbe du cinéaste, à l'origine de tant de brillants premiers et seconds rôles, ne s'exercent pas ici, dans ce qui n'est rien d'autre que l'adaptation d'une banale et passable comédie théatrale.
Danièle Delorme est l'héroine de cette pièce de Caillavet et de Flers qui conte l'aventure... théatrale d'une candide provinciale. Miquette aura à choisir entre sa carrière prometteuse dans la troupe de Monchablon (Louis Jouvet, épisodique et sans beaucoup de saveur dans ce rôle pourtant volontiers cabot) et l'amour d'un soupirant un peu nigaud (Bourvil, voué aux excès dans un emploi d'amoureux timide et maladroit). Quelques péripéties vaudevillesques et "bons mots" plutôt fadasses rythment une comédie dont l'unique originalité réside dans sa seconde partie, où le destin sentimental et théatral de Miquette se joue dans les coulisses d'une représentation, médiocre et cafouillée, qu'elle est en train d'interpréter.
On sera en définitive peu sensible aux petits numéros d'acteurs des Jouvet et autres Saturnin Fabre, et déçu qu'une telle réunion de talent produise une comédie vulgaire.