Du calme, du calme.
Je n'expliquerai pas mon titre.
Une courte critique pour signaler quelque chose qui ne m'était arrivé que très rarement.
Ne pas savoir comment noter un film. Dans ce cas précis, c'est encore plus particulier.
Ce film est à la fois bien, et à la fois nanardesque au possible.
Commençons par le bien, car il faut toujours finir par le mal le plus noir.
Je viens de comprendre qu'il faudrait mieux choisir mes mots à l'avenir.
Comme toujours chez Sirk période couleur; le cadrage et l'utilisation des couleurs sont au point.
La première scène du film expose d'ailleurs bien cela.
On retrouve aussi toujours ses miroirs, thématique chère à Sirk, montrant que les personnages ne vivent qu'une "imitation de vie", et cherchent à se convaincre que chasser le naturel ne le fera pas revenir au galop.
Ensuitre, le rythme, qui fût toujours un point à désirer chez Sirk est ici parfait, toutes les scènes et les plans s'enchaînent parfaitement, aucun moment de flottement où l'on regarde de sa montre.
A l'inverse même, le film avec tout ses personnages nous fait voyager une sacrée épopée dans la société américaine des années 50.
La fin était plutôt parfaite jusqu'à un certain moment, les obsèques avec ses divers plans sur la chorale (qui en plus chante merveilleusement bien), et ensuite, les plans sur les gens dans la rue avec leur chapeau, tout ça nous fait vraiment ressentir la solennité du moment.
Les thèmes sont intéressants, bien que pas forcément traités subtilement. Mais je retiendrai quand même celui sur la relation parent/enfant, où à la fin, les deux protagonistes perdent en partie l'amour de leur enfants, qui veulent s'éloigner, et ce pour des raisons différentes.
Ce qui donne lieu à des scènes d'une certaine sensibilité (l'adieu d'Annie à sa fille par exemple).
Passons ENFIN aux points noirs du film
Bordel Tyo.
Ce film, est un nanar.
Je ne vois pas comment mieux décrire cela.
Le genre du mélodrame en lui-même pousse déjà vers le nanardisme, mais ici c'est assez parlant.
Tout est manichéen, avec la gentille noire chrétienne qu'est Annie et la blanche carriériste qui ne pense pas à sa famille ou aux autres, en la personne de Lora.
Tout d'abord Annie, alors je suis désolé, mais je suis complétement d'accord avec la scène irrévérencieuse de Sarah Jane. Annie n'est réellement qu'un cliché du type Banania.
Dès le début, elle ne fait que sourire; être chrétienne, ou encore être d'accord avec tous les personnages.
J'ai fini par avoir peur pour ses zygomatiques, ça doit faire mal de maintenir ce sourire.
A part avec sa fille, elle n'est que consensualité. Et évidemment, elle n'a pas de défauts, ou alors le défaut est le famoso "je me soucie trop du bien être des autres."
Sérieux ? J'ai l'impression de voir un chômeur lors d'un entretien d'embauche dire que son principal défaut est qu'il est trop perfectionniste (car apparement la perfection peut te faire perdre un travail et te mettre au RSA pendant 2 ans).
Ensuite, Sarah Jane, bon dieu Sarah Jane. J'ai rarement vu un personnage aussi horripilant.
Car de son enfance, à son âge adulte, son seul trait de caractère est "je veux être blanche".
Wow, quel personnage intéressant, qui n'est absolument pas un personnage fonction.
Tout en étant tellement borné qu'il est impossible de la prendre au sérieux.
A aucun moment ses réactions ne peuvent être considérés comme "réalistes" ou "logiques".
Sans compter que son actrice ne joue pas vraiment très bien, elle cabotine un maximum, mais bon c'est le lot du mélodrame.
Sans oublier qu'elle m'a donné de ses fous rires putain.
"Jésus était blanc... Tout comme moi" regarde le coin de la caméra avec des yeux écarquillés, fondu enchainé vers la scène suivante, le tout à 8 ans. Ayyyaaa.
Sirk et la subtilité, une véritable sitcom.
Mais le meilleur (ou le pire du meilleur) est la scène de son agression, alors là.
Il était 21h et quelques, je m'étais assis au milieu de la salle, sans personne autour, voulant être happé par le film, et là :
https://youtu.be/0WgenwfYmwk?t=63
Mes aïeux, un fou rire s'est échappé de moi.
A quel moment cette scène ultra grotesque, qui vient fusiller la subtilité déjà en agonie depuis le début du film, arrive à mettre une musique digne d'un James Bond ou d'un vieux film de super-héros derrière ça ?
Bordel, Sirk devait se dire :
"L'orchestre swingue comme ton petit copain te swingue le visage."
Et tout cela n'est qu'un exemple en réalité, mais un exemple qui montre vraiment le défaut de ce film.
Il est grossier, il cabotinne, il est manichéen.
C'est comme si un clown essayait de se mettre d'un seul coup à écrire des films à la Haneke, on verra juste un travail grossier et pas subtil pour un sous sur un sujet intéressant.
C'est vraiment dommage donc, car on a ici la mise en scène ultime de Sirk, la plus efficace et la mieux rythmée.
Mais tout ceci est gâché par quelque chose que bon nombre de gens oublie, car c'est inutile en ce monde médiocre et méprisable, la nuance.