Docteur cagoule
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Difficile de mettre à mal un chirurgien de renom, un homme de pouvoir a qui tout réussi : riche, expert dans son domaine, reconnaissance de ses pairs, une famille qui semble parfaite... Un homme qui, de ses mains, manipule le coeur des autres. Yorgos Lanthimos va mettre un grain de sable dans l'engrenage de la vie de cet homme et de sa famille.
Le film baigne d'abord dans une atmosphère mêlant étrangeté et insensibilité. Étrange, comme cette relation entre Steven (Colin Farrel) et Martin (Karry Keoghan). Un jeune homme qui semble tourmenté, et pour lequel Steven consacre temps et argent. On apprend rapidement l'origine de cette relation.
Insensibilité, de part toutes ces interactions très froides entre les différents protagonistes : Steven et son ami Mathew (Bill Camp), l'anesthésiste qui l'accompagne pour ses interventions, parlent de montres en abordant la profondeur maximale d'étanchéité de leur montre personnel dès leur première interaction. Tout au pong du film ces individus, Steven, Anna sa femme, ou Mathew, travaillant tous dans le milieu médical, ne cesseront d'être dans une posture extrêmement rationnelle, c'est-à-dire vouloir toujours avoir un sentiment de grande maîtrise sur les situations et ce qu'il se passe. C'est à en devenir presque absurdes et drôle. Insensibilité, comme cet hôpital constamment filmé comme un endroit glacial dans lequel Steven déambule tel un fantôme en blouse blanche.
J'ai ressenti cela tout au long du film, notamment par le personnage de Steven, incarné sobrement er efficacement par Colin Farrel, qui lutte pour gardé la "clairvoyance" du corps médicale. Ne pas céder aux émotions ni aux phénomènes inexplicables : on entre dans la deuxième partie du film qui plonge la famille dans une situation extrêmement délicate.
Lanthimos s'amuse à mettre à mal cet homme et sa famille, et à travers eux la position de connaissance de savoir du monde médicale ainsi que "l'égo" de ses membres, part une malédiction que le monde que personne ne saura expliquer.
C'est selon moi le pan le plus intéressant et captivant du film, le film questionne et joue avec l'ignorance d'un ponte de la médecine face à quelque chose d'extra-ordinaire et nous montre comment il réagit : déni, violence, abattement... Le tout parsemé de quelques moments qui frôlent l'absurdité, voire l'humour noir : le gamin qui voit sa soeur marcher et chute lamentablement du lit quelques-uns second plus tard, Steven qui raconte un secret très personnel et gênant à son jeune fils dans un couloir d'hôpital, le soi-disant ami anesthésiste de Steven qui négocie un service sexuel contre une information à Anna, et ces léchages de mains... Comme dans Canine, Alps, ou encore Lobster : Lantgimos nous offre des scènes absurdement réussies à mon goût.
Un film froid, clinique et absurdes à certains moments, qui ne ménage pas ses personnages et ses acteurs. Il peut souffrir de certaines facilités (le jeune Martin qui arrive de nulle part puis qu'on voit plus...) et d'une certaine monotonie dans son ton, comme souvent dans les films de Lanthimoss, qui laisse peu de place aux émotions. J'aime surtout l'absurdité qui s'en dégage.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films et documentaires (re)vus en 2024 et 2024 : Rétrospective Yórgos Lánthimos
Créée
le 16 juin 2024
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