Fût un temps où, comme beaucoup, j'ai adoré Tim Burton. Seulement, il n'a échappé à personne que cela fait maintenant plusieurs années que l'ami Tim n'est plus tout à fait le même, chacun jugera du moment précis où cela a commencé à déraper. « Miss Peregrine et les enfants particuliers » n'est pas le grand retour du réalisateur d' « Edward aux mains d'argent » et « Beetlejuice », mais disons qu'il s'en rapproche un peu. D'ailleurs, je dois avouer que dans la première partie, j'étais vraiment sous le charme. Premier constat évident : que c'est beau ! Pour le coup, Burton a vraiment mis le paquet visuellement, et on est happé d'emblée par cet univers pour n'en sortir que très rarement.
Que ce soit les effets spéciaux, la photographie, les couleurs : tout semble réfléchi au millimètre près et donne à l'œuvre une sacrée allure, auxquels s'ajoutent des costumes et décors renouant merveilleusement avec les plus grands titres du réalisateur, avec en bonus pour les cinéphiles un très joli hommage au grand Ray Harryhausen. Hélas, et quand bien même j'ai pris du plaisir la plupart du temps, le film a quand même du mal à tenir la distance. Entre un récit connaissant plusieurs failles (dont certaines franchement grossières) et proposant des rebondissements de moins en moins intéressants et originaux, mais surtout un monde beaucoup plus banal
(je pense principalement à toute la partie dans la fête foraine),
avec méchant moyennement convaincant et personnages perdant clairement en consistance, j'avoue être sorti un peu frustré.
Il y avait quelque chose de formidable à faire, de quoi marquer les esprits et de renouer de la plus belle des manières avec le glorieux passé du réalisateur : ce ne sera donc que partiellement le cas. Mais bon, plus j'y repense, et plus je me dis que malgré cette décevante seconde partie, avoir retrouvé le grand Tim ne serait-ce qu'une moitié du temps, c'est déjà une belle satisfaction. D'ailleurs, et même s'il n'est pas forcément totalement clair, le dénouement permet de raviver un tant soit peu la flamme, d'autant que si on l'aurait aimé plus présente, Eva Green fait une très belle entrée dans le dictionnaire des héroïnes marquantes du cinéaste, l'élégance faite femme... Bref, j'ai des réserves, mais aussi et surtout de belles satisfactions : en l'occurrence, je préfère voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide.