Le film a sans doute constitué un jalon en apparence important dans la réflexion post-coloniale au cinéma, mais il est difficile désormais de faire abstraction d'un point de vue certes humaniste mais profondément ethnocentré, qui expose des Amérindiens sans leur donner de véritable rôle, les reléguant à la fonction de toile de fond sur laquelle se détachent les martyres des véritables protagonistes - les trois jésuites européens. Les acteurs n’en restent pas moins impeccables, les scènes d’extérieur sont grandioses et nous immergent dans un cadre naturel d’une beauté saisissante, mais la hiérarchie évidente et inconsciente entre les différents plans de l'histoire, l'arrière-plan amérindien et le premier plan résolument occidental, preuve ultime d'une certaine désuétude, m’empêche d’apprécier le film comme j’aurais sans doute pu le faire à sa sortie.