Au XVIe s., les frères dominicains Las Casas et Spulveda doivent décider s'il faut considérer les indiens comme des humains et si, en conséquence, il faut les aider, les abandonner ou les exploiter. En somme, la charité universelle de l'Église est conditionnée au caractère humain de ces peuples.
La même question est posée, brutalement, dans ce film. Les indiens ont-ils droit à l'aide, la charité et l'éduction européenne ? Mendoza lui-même mérite-t-il une quelconque charité ? Cette même charité, est-elle si nécessaire aux indiens ?
Roland Joffé n'a pas essayé de répondre, il s'est contenté de montrer toute la sensibilité de ces questions, impeccablement servi par une réalisation en tous points majestueuse et romantique (on croirait voir dans les scènes de nature les descriptions d'Atala et de René) et par l'éternel Morricone. Il s'est même permis de composer une pièce pour hautbois et orchestre splendide, culte et même profonde. Robert De Niro exprime dans son jeu une simplicité bouleversante, la même que celle de Travis, une misère et une rédemption également très touchantes. L'on en sort touché (par la grâce ?).