Mission, sorti en 1986 et réalisé par Roland Joffé, est un film... dont je donnerais la liste des qualités une fois que j'aurais expliqué ce que c'est.
En 1750, dans l'actuel Brésil, un prêtre jésuite, le père Gabriel (Jeremy Irons) part évangéliser la tribu amazonienne des guaranis, et rencontrera sur sa route un marchand d'esclaves, Mendoza (Robert de Niro) qui deviendra lui-même un jésuite; il devra ensuite défendre sa mission contre les portugais, qui veulent s'emparer du territoire des guaranis; or, ce dernier se trouve en terre espagnole, et les espagnols interdisent l'esclavage alors que les portugais l'autorisent; et par un traité, l'Espagne s’apprête à livrer ces terres au Portugal.
Ce film est magnifique. Au début, on assiste à une scène à la fois spectaculaire et tragique: un prêtre subit le martyr en étant attaché à une croix et jeté dans le fleuve qui se termine par une gigantesque cascade. La symbolique chrétienne est très forte dans cette scène: le prêtre va jusqu'à donner sa vie pour ceux à qui il doit apporter la mission à l'exemple du fondateur du Christianisme: Jésus-Christ, considéré par les chrétiens comme le fils de Dieu.
D'ailleurs, à propos de symbolique chrétienne, on a accusé ce film d'être un film de propagande chrétienne. Que le film porte des valeurs chrétiennes, ait des thèmes chrétiens, c'est une évidence. Mais le film montre aussi la duplicité de certains chrétiens et des dirigeants des nations européennes.
Les acteurs sont géniaux: Jeremy Irons, dans son rôle de prêtre est éblouissant, à la fois prêtre, père, protecteur, diplomate et musicien, il cherche à préserver la paix à tous prix. Robert de Niro est grandiose en marchand d'esclave arrogant, puis en jésuite repentant. Et on a aussi un très discret mais très bon Liam Neeson, qui joue un jeune jésuite, disciple du père Gabriel; sans compter Ray MacAnally, qui interprète un cardinal envoyé par Rome pour statuer sur le sort des missions jésuites; cet aspect du film aborde la question de la relation de l'Eglise vis-à-vis du pouvoir politique, et des décisions difficiles qu'elle doit prendre pour préserver la paix.
La fin du film est tout aussi sublime que le début, avec une procession menée par le père Gabriel suivi des indiens, qui se font ensuite fusiller par les soldats portugais.
Et bien sur, je ne pouvais pas ne pas parler de la Bande-Originale composée par Ennio Morriconne; quand on l'entend, on est convaincu d'entendre un chœur d'anges au Paradis (certes j'exagère, mais c'est quand même magnifique).
Au final, un film exceptionnel, un chef d'oeuvre qui remporta rien moins que la Palme d'Or au festival de Cannes de 1986 et l'Oscar de la meilleure photographie en 1987, un film porté par des thèmes chrétiens, mais qui se veulent universels. Un chef d'oeuvre, je le répète.