Strangers on a Train

C'en est (malheureusement) définitivement terminé des Mission Impossible qui changent de réalisateur à chaque film. Depuis les années 2010, Tom Cruise a beau jouer sa vie dans des cascades folles, paradoxalement il ne prend plus beaucoup de risques artistiques. Finis les tournages chez les grands cinéastes (Mann, Kubrick, Scorcese, De Palma, Stone...). L'acteur confie désormais sa carrière à une poignée de fidèles bon faiseurs de divertissement.

Depuis "Rogue Nation", c'est donc Christopher McQuarrie qui a repris (avec élégance, avouons-le) les scénarios et mises en scène de la franchise Mission Impossible. 7ème volet, "Dead Reckoning Part 1" est aussi le plus cher : on parle de près de 300 millions de dollars de budget ! Une inflation probablement due à un tournage difficile à cause du covid. Sa suite, en préparation à l'heure où j'écris ces lignes, ne sera pas mieux lotie, faisant face à une grève massive des scénaristes et des acteurs !

Alors, quid de ce nouveau volet ?

Ethan Hunt et son équipe affrontent cette fois une redoutable IA, capable de les manipuler et d'anticiper leurs gestes ! Un sujet bien vu. Car si l'écriture date de quelques années, le film sort à point nommé, l'IA dans les arts et les sciences étant très à la mode depuis 2023.

Thématique qui correspond évidemment à une mise en abyme. Face à un univers dominé par les algorithmes / les CGIs, seul Hunt / Cruise peut sauver le monde / le cinéma !

L'ensemble est mené tambour battant, et n'ennuie aucunement sur 2h43. L'intrigue est simple mais très efficace, et parvient à gérer un grand nombre de personnages. Dont les acteurs sont impliqués. Je regrette que Rebecca Ferguson (l'un des meilleurs personnages de la franchise) soit mise de côté pour mettre en valeur Hayley Atwell. Mais celle-ci campe un nouveau personnage intéressant, une voleuse de talent dépassée par la situation.

En revanche, l'écriture des méchants n'est des plus adroites. On nous sort un bad guy issu du passé de Hunt, tel un rebondissement de téléfilm du dimanche après-midi. Tandis que son associée incarnée par Pom Klementieff a un arc narratif pour le moins étrange.

Et s'il est encore question de macguffin qui parvient à dynamiser l'intrigue, il y a tout de même quelques incohérences dedans.

Sans parler du fait que régulièrement, les personnages tiennent absolument à se battre au couteau. Les armes à feu ont disparu ?

Mais ce serait cracher dans la soupe que de ne pas reconnaître la grande qualité des scènes d'action. Dont un joli morceau de bravoure en Italie, avec un peu d'humour.

Et une superbe séquence de train dans le dernier acte. Elégante à souhait, affichant de très belles cascades réelles. Et surtout renouant avec les classiques de l'espionnage, avec sa galerie de personnages qui se retrouvent dans un lieu commun.

D'ailleurs, outre ce passage, le film fera plusieurs clins d'oeil (non gratuits) au premier volet, dont le plus évident et le plus appréciable est le retour de Henry Czerny.

A l'arrivée, "Dead Reckoning" n'est clairement pas le meilleur volet de la franchise, mais il se situe largement dans le haut du panier des blockbusters hollywoodiens. Tom Cruise et Christopher McQuarrie demeurant des artisans avec un savoir-faire qui semble inoxydable.