Grande victime du surmédiatisé duel actuel au box office entre les deux films sus-cités, ce Mission: Impossible mérite toute votre attention et pourrait bien être le meilleur film de l'été et de loin ; et rentre pour moi dans le top 3 - peut-être même top 2 de la franchise.
J'écrivais de M:I Fallout il y a 5 ans (coup de vieux) qu'il était fantastique au niveau de sa mise en scène, hyper inventif, mais qu'il souffrait d'un scénario hyper lambda et d'une sensation de tourisme gratuit.
Dead Reckoning est plus sage dans sa mise en scène, et mise plus sur un scénario malin laissant le champs libre à un des éléments clés de cette saga: les faux semblants. Une IA surpuissante semble avoir pénétré tous les systèmes au monde, et quiconque possèdera la clé magique (le mcGuffin du film) la contrôlera et mènera le bal. L'équipe M:I est envoyée par les USA… mais se retrouve à faire cavalier seul, et jouer des influences pour tenter d'y comprendre quelque-chose et obtenir un peu d'avance… face aux autres nations sur le coup et face au camp de l'Entité, jouant sur le scénario le plus favorable à son nouveau Dieu, recalculé en temps réel à chaque événement. Cette Entité a de plus le pouvoir de contrôler tous systèmes, plus personne ne peut se fier aux systèmes numériques, aux voix, apparences… seul ele vieux monde redevient fiable. Plus vertigineux encore: tout le monde court après le contrôle d'un système dont ils ignorent tout de sa nature.
Pour ajouter à ces jeux de vrai-faux, on retrouve bien entendu les masques, les trahisons, mais aussi le personnage de Grace joué par la géniale Hayley Atwell, qui vient appuyer la déjà extraordinaire Rebecca Ferguson de retour dans son rôle de Ilsa Faust dans une très belle paire de rôles féminins: athlétique, brillant, chirurgical et romantique pour l'une, drôle, maline et surdouée de ses mains pour l'autre, dans un nouveau personnage génial qui rajoute encore au jeu de chat et de la souris, faisant disparaître et apparaître les mcGuffins à volonté et s'échappant de situations compliquées par sa malice et sa dexterité. Quand cela pouvait sembler compliqué de créer un team-up solide à Tom Cruise, quand il semble compliqué aujourd'hui de mettre en valeur des femmes sans parler de l'horrible méchanceté des hommes McQuarrie et Jendresen envoient simultanément 2 personnages parfaits pour montrer la voie à une génération d'idéologies perdues. Et vous savez quoi? l'Indiana Jones de James Mangold ET le Spiderman Spiderverse 2 vont y mettre également du leur. Je n'ai pas parlé du rôle de méchante de Pom Klementieff en faux-semblant de méchante bourrine ou Vanessa Kirby en marraine de la pègre forte mais…, elles sont d'autres respirations dans ce film qui ne manque pas de bons personnages… à l'image de cet archange Gabriel (Esai Morales), un antagoniste dont on se souviendra. Et qu'on reverra. Le reste de la M:I force peine toujours à exister, malgré un rôle plus étendu sur le terrain pour Benji Dunn (Simon Pegg).
Je n'ai pas parlé de l'action, elle est parfois dingue (cet acte 1 qui organise un cache-cache géant dans l'aéroport d'Abu-Dabi), parfois plus traditionnel et intercheangeable (une course-poursuite bien foutue et drôle! Dans les rues de Rome), parfois on tente des choses plus resserrées et arty, comme à Venise et ces jeux d'ombres qui mènent aux drames… puis le feu d'artifice, avec cet Orient Express lancé à toute vitesse dans cette vallée Autrichienne - et au milieu de tout ça, ces miroirs et échos au chef d'œuvre initial de Bryan de Palma… Tout en étant un peu plus sage que le précédent, c'est littéralement du porno de film d'action avec des touches délicieuses de polar et ce qu'il faut de comédie, avec Tom qui donne tout ce qu'il a, à 60 ans. Mais Tom Cruise qui court, de 15 à 60 ans, c'est la quintessence du cinéma d'action.
Esquivant le risque d'être ringard alors qu'il sort l'année de l'explosions des IAs, le scénario se veut à la fois simple et parfait pour mettre en scène tout ce beau monde dans un ballet d'images qui se veulent avant tout mémorables. Tom & McQuarrie veulent que vous vous souveniez de votre passage au cinéma, les 3h s'avalent sans avoir le temps de respirer, on rit, les yeux pétillent. CA, c'est un putain de film de cinéma. Et n'allez pas me parler de "gna gna gna" ça n'est qu'une première partie "gna gna gna". On peut être heureux: il y en aura un autre.