Responsable de l’épisode le moins réussi de la saga Mission : Impossible (Rogue nation), Christopher McQuarrie a pourtant eu la permission d’en faire un deuxième, quand Tom Cruise s’entêtait avant ça à embaucher, à chaque nouvel opus, un metteur en scène différent apportant avec lui son style et ses magnifiques outrances (chez John Woo en particulier). Et McQuarrie, plus connu pour ses talents scénaristiques (Usual suspects, Edge of tomorrow…), n’a jamais vraiment réussi à s’imposer comme un réalisateur à part entière, la preuve encore ici avec une mise en scène certes ultra-efficace, mais impersonnelle au possible.


Et sinon, quoi de neuf au pays des espions globe-trotters qui passent tellement de temps à courir le monde qu’ils pourraient sans problème bosser au Guide du routard (avec, cette année, un spécial Paris-Londres et Cachemire) ? Bah rien, la routine quoi, le train-train quotidien. Toujours des menaces de destruction mondiale, toujours des bombes nucléaires, toujours des fils bleus ou rouges ou verts à couper, toujours des comptes à rebours, toujours des masques, toujours des doubles et/ou triples jeux, toujours des poursuites et des cascades à couper le souffle (qui atteignent, dans Fallout, un degré d’exigence et de spectaculaire rarement atteint), toujours un Ethan Hunt increvable et un Tom Cruise infatigable. Avec quand même une petite nouveauté au programme : un Henry Cavill massif, consciencieux et affublé d’un look qui, bizarrement, le fait ressembler à un clone moustachu de Tom of Finland.


Si le scénario propose une noirceur assez inédite dans l’univers Mission : Impossible, d’habitude plus enclin à l’humour et à une sorte de détachement cool, il échoue en revanche à renouveler péripéties et rebondissements (même le retour surprise de Michelle Monaghan ne sert à rien, sinon à trop succinctement évoquer les failles et les sentiments de Hunt et à assurer un éventuel fan service) qui font ressembler cette sixième aventure à une photocopie oubliée sur un bureau ou une vieille intrigue bondienne époques Roger Moore et Pierce Brosnan. La vraie déception vient du duo Cruise / Cavill, très mal exploité alors qu’il y avait matière à générer une dynamique plus que jouissive entre ces deux-là à base d’ironie, de piques vachardes et de rivalité sous testostérone. Mais, au vu de l’incroyable final qu’ils nous offrent avec son ballet d’hélicoptères en folie, on tolèrera éventuellement l’impair.


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mymp
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le 6 août 2018

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