Mon cher Tom, je te prie d’excuser ces années de silence. J’ai vu tous tes films sans jamais en faire état. J’avais honte. J’étais un spectateur transi et lâche. Je t’aimais, mais m’en cachais. Voilà tout est dit ; est-il bien nécessaire d’aller plus loin ?
Note première rencontre remonte à Legend, petit film sympathoche, tu incarnais un gamin fluet qui tentait, déjà, de sauver son monde. J’ai détesté Top gun. Ma petite sœur l’a vu cinq fois. Tu as saccagé mon imaginaire aéronautique et avili le F-14. Mais, tu excellais dans La couleur de l’argent, Rain man et Né un 4 juillet. Magnifique série. Tu jouais encore dans Entretien avec un vampire, avant de trouver ton rôle définitif dans Mission impossible, en 1996 : celui d’Ethan Hunt sauvant le monde. Ethan court, saute, pilote, combat, manipule, déduit, convainc, seul contre tous. Ethan est plutôt fidèle et n’abuse pas des gadgets. Ethan ne tue que les méchants et à son corps défendant. Ethan est un brave type.
Depuis 22 ans, tu cachetonnes. Tu cachetonnes cher : 20 % des recettes mondiales, c’est ton tarif. Sous différentes identités, Ethan-Tom combat dans le futur proche et le Japon féodal, des extra-terrestres et des nazis, des momies et des dealers... toujours avec la même aisance. Tel Dorian Gray, tu ne vieillis pas. Un esprit de feu dans un corps parfait. Je te pardonne tes amours contrariées, ta passion scientologue, ton pacte avec le diable et la vampirisation du Mission Impossible de mon enfance. Mon vieil ami Peter Graves s’appuyait sur une équipe, pas toi, tu es trop fort.
Tu endosses pour la sixième fois le rôle d’Ethan. Le monde est pourri, les grandes puissances rivalisent de coups tordus. Les Apôtres, une confrérie d’espions anarchisants, ont pris leur indépendance et décidé de tout faire sauter. Ethan, ta mission consistes, si tu l’acceptes, à récupérer le plutonium... seulement, tu refuses de sacrifier ton équipier et échoues. Tu cours de Londres à Paris, pour finir dans le Cachemire... Beau voyage.
Que dire ? Je t’aime toujours. Le scénario est passablement embrouillé et le film trop long. Manifestement, tu apprécies Paris, tu visites. Tu hésites entre deux femmes, c’est touchant. Ton coup de savate est moins tranchant qu’à l’accoutumée, c’est Ilsa (Rebecca Ferguson) qui expédie ad patres le premier méchant.
Ethan, tu restes humain, semble-t-il. Tu te serais brisé la cheville, j’ai peine à le croire. Tu pilotes avec moins d’assurance un hélicoptère, qui prend tout son temps pour s’écraser sur celui du vilain Walker (solide Henry Cavill). Tu peines à lui péter la gueule et sauves, une nouvelle fois, la planète. Que ferait-on sans toi ?
J’apprends à l’instant, que tu as signé pour deux prochains MI, me voilà rassuré. Tu seras toujours là.