En apesanteur
Après Brian De Palma, John Woo et Jar-Jar Abrams, c'est maintenant au tour de Brad Bird de s'attaquer à la saga Mission : Impossible, et pour ce quatrième opus, il met l'agence Mission Impossible en...
le 13 juin 2015
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A l'origine ce Mission: Impossible 4 devait à nouveau être confié à J. J. Abrams car la Paramount et Tom Cruise étaient pleinement satisfaits de son travail sur l'opus précédent malgré un résultat au box-office mitigé. De son côté le réalisateur annonce qu'il ne pourra pas assumer cette tâche, trop occupé par la réalisation de la suite de Star Trek. Il devient tout de même co-producteur et suggère Brad Bird comme metteur en scène pour qui le projet serait la première œuvre tournée en prises de vues réelles. Un choix approuvé par Tom Cruise qui avait été bluffé par Les Indestructibles et qui rassura la Paramount car le bonhomme avait déjà deux Oscars en poche.
Mission: Impossible - Protocole fantôme est donc mis en chantier et abandonne la numérotation classique qui seyait aux films précédents, préférant l'usage d'une dénomination classique qui deviendra la norme pour les futurs épisodes et assoit par la même occasion cette volonté de faire table rase et se détacher des deux précédents volets contestés.
Des codes de lancement de missiles nucléaires russes sont volés suite à l'assassinat d'un agent secret qui était chargé de les intercepter. L'agence IMF fait sortir Ethan Hunt d'une prison moscovite pour lui confier la mission de retrouver les coupables et d'empêcher une potentielle guerre nucléaire. La tâche se complique lorsque l'agence se voit impliquée dans l'attentat terroriste du Kremlin. Celle-ci est dissolue par le président des États-Unis qui déclenche l'opération "Protocole Fantôme" laissant Ethan Hunt et son équipe sans ressources ni soutien officiel.
La plus grande qualité de l’œuvre est incontestablement de trouver un parfait équilibre entre les différentes puissances créatrices et des multiples influences savamment catalysées, le foisonnement et l'inventivité infinie de Bird se juxtaposent avec la performance de Cruise plus félin que jamais malgré ses 49 printemps. La dialectique traitant de l'agent lâché par tous est aussi une métaphore de la propre carrière de l'acteur et de son parcours sinueux.
L'introduction dans la prison amorce le ton léger, très fluide et drôle, évoquant d'ailleurs frontalement le cartoon lors du ballet endiablé de l'ouverture des portes. Ce caractère enjoué permet d'embarquer immédiatement dans l'aventure. L'utilisation de nombreux gadgets farfelus qui se révèlent être systématiquement défectueux lors d'un instant fatidique instaure un comique de répétition. Cela commence avec le téléphone de l'agent de l'IMF qui lui envoie une photo trop tard précipitant son destin funeste. Citons également le gadget piloté par un Ipad ( sympa le placement de produit ) qui reconstitue un couloir vide dont le parallaxe est perturbé par l'arrivée d'un garde ou le robot magnétique qui fait léviter avec des imprécisions le personnage de Jeremy Renner. Mais le gadget le plus emblématique ce sont bien ces gants magnétiques pas tout à fait au point qui permettent à Hunt de jouer à Spider-Man sur la façade du Burj Khalifa à Dubaï lors d'une séquence absolument vertigineuse et immersive, où l'implication et l'exploit physique de Cruise laissent pantois. Tout ce passage dans la ville des Émirats arabes unis est certainement le point culminant du métrage tant la maîtrise de l'espace, de la hauteur, de la ville et de ses éléments intrinsèques est bien gérée. L'idée de la progression rythmée par la tempête de sable est excellente et témoigne de la volonté jusqu’au-boutiste de Brad Bird.
L'humour très présent et jouant fréquemment sur les ruptures de ton lui est d'ailleurs très certainement aussi imputable. Le metteur en scène est bien aidé par la forte présence à l'écran d'un Simon Pegg excellent qui contrebalance totalement avec Tom Cruise par son manque total de confiance en lui. Si le désamorçage systématique de l'action par la blague a pu se montrer irritant et insupportable dans une multitude d’œuvres, force est de constater qu'il est ici magnifiquement géré.
Les personnages secondaires sont très bien écrits et le caractère arbitraire de la mission permet de leur donner plus de consistance et une fonction autre que celle d'uniquement seconder Hunt. Jeremy Renner est très bon et Paula Patton est juste sublime. Sa confrontation physique avec le personnage de Lea Seydoux est la conclusion d'un ardent désir de vengeance et le témoignage de deux actrices à l'aise dans l'action. Seydoux m'a d’ailleurs positivement surpris dans ce registre et incarne une tueuse à gages tout à fait crédible.
Le seul point noir pour moi serait l'antagoniste joué par Michael Nyqvist assez fade, désincarné et pas foncièrement mémorable. Difficile il est vrai de passer après la forte performance de Philip Seymour Hoffman dans l'opus précédent mais son fanatisme radical quoique un peu caricatural lui permet néanmoins d'être un adversaire de taille pour Hunt d'autant qu'il a toujours un coup d'avance sur ce-dernier. Hunt passe d'ailleurs très très près de l'échec.
Pour faire simple ce Mission: Impossible - Protocole fantôme c'est assurément le meilleur blockbuster de l'année 2011 et le meilleur film de Tom Cruise depuis un bon moment. C'est du divertissement d'excellente facture qui pose les jalons pour le futur de la saga après les égarements des deux films précédents.
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Créée
le 16 juil. 2024
Modifiée
le 16 juil. 2024
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