Missouri Breaks
6.8
Missouri Breaks

Film de Arthur Penn (1976)

On sabote bien le genre... Et ça laisse perplexe !

Ultime western et surtout dernier "grand" film pour Arthur Penn. Avec son casting prestigieux et le réal de Little big man, le film avait bénéficié d'une sacrée promo mais fut un cuisant échec aussi bien critique que public. Ce qui eut pour effet de mettre un gros coup de frein à la carrière de Penn, qui par la suite ne tournera qu'épisodiquement des commandes ou des projets mineurs, avant de terminer à la télévision dans les 90's.

Missouri Breaks est un pur produit de son époque, très nouvel Hollywood, qui aborde des thématiques déjà présentes dans une palanquée de westerns 70's, notamment chez Peckinpah. Ton tragi-comique, ambiance désespérée, accès de violence sèche, désacralisation des mythes fondateurs avec ses personnages losers et/ou antihéros.

Mais ce qui rend le film si particulier c'est son rythme très lent, sa photo jaunâtre et surtout la prestation de Marlon Brando. Penn le laissera improviser sans rien trouver à y redire, ce qui était déjà plus ou moins le cas dans La poursuite impitoyable, leur précédente collaboration dix ans plus tôt. Mais là, Brando est vraiment en roue libre dans son rôle de mercenaire excentrique. Posture de dandy, punchlines sans queues ni têtes, costumes tous plus improbables les uns que les autres, et des actions qui défient toute logique, comme cette scène où il place un insecte dans la bouche d'un voleur durant son sommeil, sans raison. On est pas loin de sa prestation dans L'île du docteur Moreau, c'est à la fois pénible et fascinant.

Sinon Jack Nicholson est très bien, tout comme les seconds rôles, des "gueules" qu'on a toujours plaisir à retrouver tel que Harry Dean Stanton ou Randy Quaid. Mais la performance de Brando les met tous en retrait.

C'est très beau, au moins aussi bien mis en scène que Little big man, mais très anti-spectaculaire contrairement à ce dernier. Je dois bien admettre avoir un peu senti les deux heures passer.

Au final ce n'est ni la purge décriée par les uns, ni le chef d'œuvre porté aux nues par les autres, mais une curiosité un peu bancale qui a malgré tout de beaux restes.

Content de l'avoir vu, mais j'en ferai pas mon film de chevet !

Ogroff
6
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le 10 avr. 2024

Critique lue 7 fois

Ogroff

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