Missouri Breaks
6.8
Missouri Breaks

Film de Arthur Penn (1976)

Tout commence comme un western classique avec l’antagonisme habituel entre riche propriétaire et voleurs de chevaux avec des décors de ravins accidentés (d’où le titre) . Comme on est dans les 70’s contestataires le riche est forcément dur et inhumain, les voleurs sont comme il se doit des brigands au grand cœur, ados attardés attirés par l’ivresse de la bouteille et la chaleur du bordel.


Leur chef Tom Logan (un sobre Jack Nicholson) a tapé dans l’œil de la fille du propriétaire, ce qui n’empêche nullement Tom de voler les chevaux de son père à l’occasion. Un autre qu’Arthur Penn aurait joué la romance sous un fond de poursuites et de chevauchées.


Mais c’est là qu’intervient Robert E. Lee Clayton (Marlon Brando), le régulateur à deux vitesses. Sorte de justicier implacable chargé de faire appliquer le respect de la propriété, son aspect étonnerait l’amateur de western le plus endurci. Parfumé à la lavande, tiré à quatre épingles, tenant un propos décalé, marmonnant d’une voix monocorde, chantonnant, pouffant mais capable de tuer à coup sûr à 500 mètres avec son flingue, Clayton est l’une des figures les plus étranges jamais vues au Nord du Pécos.


Il faut ajouter au look déjà chargé du personnage un flair infaillible puisqu’il voit dès le départ que Logan est beaucoup trop malin pour être un fermier ; et un petit brin de sadisme qui va s’épanouir à l'occasion. L’image qu’il renvoie au début est celle d’un vieux renard malin qui piège un lapin pour le faire ensuite rôtir sur une branche. Clayton se révélera par la suite être un véritable tueur en série pervers, protégé par la loi qu’il méprise plus qu’il ne la sert. La composition hallucinée de Brando ou la volonté précise d’Arthur Penn, personne ne sait quelle est la part de chacun, le font changer d’apparence à chaque scène, le faisant passer du dandy au chanteur de country à franges, du pasteur à Ma Dalton.
« Le démon, quand il veut approcher de l’homme, prend diverses formes » dit-on. Ce pourrait être la morale du film.


L’affiche suggère un affrontement entre Nicholson et Brando. Question performance d’acteurs, si vous voulez mon avis, moi je mise tout sur le grolard.

Zolo31
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Marlon Brando et Les meilleurs westerns

Créée

le 10 oct. 2019

Critique lue 278 fois

11 j'aime

3 commentaires

Zolo31

Écrit par

Critique lue 278 fois

11
3

D'autres avis sur Missouri Breaks

Missouri Breaks
Olympia
8

The Missouri Freaks

Drôle de film, Missouri Breaks. On est pas vraiment fan de western, on y va un peu à reculons mais bon c'est Arthur Penn... y'a Marlon et Jack aussi, on sait à peu près où on met les pieds. Et rien...

le 24 juin 2012

31 j'aime

9

Missouri Breaks
Ugly
7

La brute et le truand

Missouri Breaks appartient comme John McCabe d'Altman, Soldat bleu de Ralph Nelson, Pat Garrett et Billy le Kid de Peckinpah, ou Little Big Man du même Arthur Penn, à ce groupe de nouveaux westerns...

Par

le 29 août 2018

27 j'aime

13

Missouri Breaks
Docteur_Jivago
7

L'Ouest démystifié... à nouveau.

Étant un grand admiratif du cinéma d'Arthur Penn, c'est toujours avec une certaine attente que je découvre un de ses films, ici The Missouri Breaks, où il nous fait suivre un voleur de chevaux qui...

le 9 déc. 2016

22 j'aime

3

Du même critique

La Vie scolaire
Zolo31
7

Wesh Moussa, j’te connais, mec de mon bâtiment !

J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...

le 1 sept. 2019

34 j'aime

10

Thalasso
Zolo31
7

Extension du domaine de la lutte par l'utilisation combinée des bienfaits du milieu marin

Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...

le 21 août 2019

28 j'aime

10

Julieta
Zolo31
5

Homéopathie? Pauv' Julieta!*

Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...

le 1 juin 2016

28 j'aime

1