Première réalisation de Jennifer Kent, Mister Babadook s’était constitué une très bonne réputation auprès des festivals dans lesquels il a été projeté. Il a notamment raflé un grand nombre de prix lors de la 21éme édition du festival de Gérardmer.


Sur la thématique, l’œuvre est des plus convenus. Nous suivons le quotidien d’individus confrontés à une entité maléfique. Les différentes étapes propres au genre se retrouvent : la description du quotidien, l’introduction d’éléments disruptifs, l’incrédulité de certains et la confrontation. Pour autant, le talent d’un réalisateur se révèle dans sa capacité à apporter sa sensibilité sur un sujet mainte fois traité. L’autrice se démarque ici sur deux points essentiels : la réalisation et l’écriture.


Un élément notable dès les premiers instants est la mise en scène. La caméra et le montage sont adaptés constamment aux situations vécues. Les mouvements aériens s’adaptant parfaitement aux phases oniriques de la mère de famille est un exemple parmi tant d’autres.
L’utilisation de l’ellipse est efficace. Outre son intérêt dans la construction d’un rythme allant à l’essentiel, il permet aussi de décupler la sensation d’urgence qui se dégage de certaines situations.
On ressent ainsi les tensions accumulées par cette spirale de démence.


Le choix de narrer cette histoire par le prisme unique d’une mère célibataire se traduit de plusieurs manières dans la mise en scène. Les situations ne sont pas montrées comme elles sont réellement mais de la façon dont elles sont perçues par cette femme. La réalité est ainsi altérée. Elle varie en fonction de l’état psychique de cette personne.


Pour que l’adoption d’un point de vue unique fonctionne l’autrice a pris soin de construire ses personnages et un environnement à même de le justifier.
Nous sommes aux côtés d’un être isolé socialement. La tragédie qu’elle a vécue et les responsabilités qui lui incombent ont créé cette condition. Les interactions se limitent à un petit groupe d’individus ce qui permet de légitimer l’unilatéralité de la narration.
Ce choix scénaristique a un impact énorme sur l’atmosphère particulière de l’œuvre. On navigue constamment entre le thriller paranoïaque et l’épouvante.
Les seules personnes affrontant l’entité sont cette femme et son fils. De ce fait, il est parfois difficile de savoir si cette menace est le fruit d’un burnout lié à l’énorme charge mentale supportée ou si le danger est bien réel.
Il est d’ailleurs intéressant d’observer l’évolution de notre empathie envers les personnages. La trajectoire est pour le moins originale et terriblement réaliste. Nos à priori initiaux sont déconstruit au fil des événements. Le ressenti envers le fils en est le parfait exemple. C’est un être exécrable au départ que l’on va finir par apprécier.


Ces deux éléments sont donc des atouts indéniables permettant à la bobine de Jennifer Kent de sortir du lot.
Pour autant, si nous sommes autant éprouvés par l’expérience, c’est grâce à la prestation impressionnante d’Essie Davis. L’actrice cannibalise littéralement l’écran. Elle permet de rendre palpable la folie dans laquelle le personnage s’est engouffré et la détresse qui en ressort.
Mister Babadook est donc un premier long-métrage réussit et ingénieux. Depuis, la réalisatrice a sorti The Nightingale dont les premiers retours sont très positifs.

tzamety
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le 1 avr. 2020

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tzamety

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