Introduction
Je disposerai cet article en deux parties:
- La critique, qui sera écrite sans spoiler. J'expliquerai ce qui m'a plu dans ce film.
- Une analyse plutôt détaillée où je présenterai mon interprétation du film. Attention, cette deuxième partie inclue de nombreux spoiler, je vous déconseille fortement de la lire avant d'avoir vu le film. Vous serez prévenus ...
I. Critique
Le film est divisé en deux parties bien distinctes. La structure du film est comparable à celle de Conjuring, de James Wan:
Une première partie présente les personnages et prend la forme d'un très bon Amityville, où un personnage maléfique harcèle plusieurs personnages dans leu maison.
La deuxième partie fait beaucoup plus "film d'horreur psychologique", un sous-Shining où tout est littéral (la mère qui vomit un liquide noir représentant le démon qui sort de la mère, assez lourde comme représentation), mais qui reste malgré tout assez intéressant.
Le démon prend possession de la mère qui s'acharne sur son fils. Il tente de la raisonner.
Ce qui est réussi dans le film, c'est le côté psychologique totalement assumé. Le film se veut mystérieux, et contrairement à de nombreux films d'horreurs, Mister Babadook est un drame qui fait réfléchir. Qu'est ce que le Babadook ? Je répondrai à cette question lors de l'analyse du film.
Le changement de genre radical entre la 1ère et la 2ème partie m'a fortement déçu, passant d'un excellent smasher movie à une version bas-de-gamme de evil dead (l'original, of course ;).
Moi qui suis un amateur de films d'épouvantes*, je ne pouvais qu'être déçu par cette deuxième partie beaucoup plus typée horreur.
Vous me direz "Shining, c'est le même procédé scénaristique, alors pourquoi est-il dans ton top 10 ?".
Shining c'est Kubrick et Kubrick ne se trompe jamais.
Je plaisante, petit taquin que je suis.
La principal atout de Shining, c'est la montée progressive de la tension, qui se ressent aussi dans le livre*1, où Jack est en totale adéquation avec l'hôtel, il est l'hôtel.
Dans Mister Babadook, le démon s'empare de la femme en un rien de temps, la montée de la tension n'est pas très subtile.
Lors de la 1ère partie, le Babadook ne se montrait quasiment jamais, il se manifestait par des claquements de porte où alors l'apparition du livre recollé. Le tout reposait sur un pouvoir de suggestion dévastateur.
Et ce pouvoir disparait dans la 2ème partie.
Après tout, c'est surtout à cause de mes goûts personnels que je n'ai pas autant accroché dans la 2ème partie qui reste malgré tout bonne et angoissante.
Le film est parsemé d'un humour noir très efficace qui repose en partie sur le découpage des plans ainsi que des comiques de situation et de caractère réussis.
La mise en scène très sobre rappelle certains films expressionnistes Allemands comme "le Cabinet du Dr. Caligari" ou "Nosferatu", affirme la réalisatrice lors de l'entretien post-séance. Le jeu d'ombres et de lumières est de qualité. Mais les plans manquent un peu d'originalité, la réalisation n'est pas très innovante.
On reste margé tout conquis et convaincu du talent de la réalisatrice Jennifer Kent pour terrifier le spectateur, créant une ambiance sombre et des scènes puissantes.
Le jeu d'acteur est étonnamment bon. En effet, la plupart des interprètes jouent ici leur premier rôle, par exemple Noah Wiseman, qui joue avec Brio un rôle très complexe. Essie Davis, qui avait déjà enchaîné plusieurs petits rôles dans des films Hollywoodiens comme Matrix Revolutions, incarne la mère psychotique avec virtuosité.
Au final, Mister Babadook est un excellent thriller et un bon film d'horreur psychologique sur les relations mère/fils, mis en scène avec talent par Jennifer Kentavec cependant un léger manque d'originalité.
On attend avec impatience son prochain film qui ne sera sans doute pas un film d'horreur mais un drame, confirme la réalisatrice lors de l'interview.
Vous pouvez cependant voir son premier court/métrage, Monster, très semblable à Mister babadook.
- horreur ≠ épouvante
*1 Mister Babadook s'inspire surtout du livre, qui explore plus que le film la psychologie des personnages.
II. Analyse
Attention Spoiler
Qu'est-ce que le Babadook ?
Tous les spectateurs de posent cette question après la projection du film. Le silence est total, personne ne sait quoi dire face à un tel film. Rarement depuis Mulholland Drive une fin aura surpris autant le public.
Tout d'abord, revenons au commencement.
Lorsque Amelia tombe enceinte, son mari l'emmène à l'hôpital et meure dans un accident de voiture. Elle accouche alors de Samuel.
10 ans plus tard, elle n'arrive toujours pas à se remettre de la mort de son mari, qui est, en un certain temps, due à la naissance de son fils.
Selon moi, le Babadook appartient à l'imagination de la mère et de son fils.
C'est un personnage symbolique qui représente le souvenir de la mort du père. Sans Samuel, son père serait vivant. Le Babadook propose donc à Amelia de lui prendre son fils en échange du père.
L'une des dernière scènes, très énigmatique, où Amelia nourrit le Babadook est très représentative et est l'une des plus importantes du film:
Amelia doit cohabiter avec le Babadook, elle doit vivre avec ses peurs, ses souffrances, avec la mort de son mari. Elle a choisit de ne plus regarder le passé et de protéger son fils.
Ma théorie ne peut pas être juste, car c'est simplement une théorie. À vous de vous faire votre avis et votre propre théorie.