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C'est totalement dans la lignée de "Béliers", le précédent et premier film d'Hakonarson. Paysages désolés, désertiques et pelés du nord de l'Islande et agriculteurs au verbe rare. Les bovins ont...
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le 15 sept. 2019
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C'est totalement dans la lignée de "Béliers", le précédent et premier film d'Hakonarson. Paysages désolés, désertiques et pelés du nord de l'Islande et agriculteurs au verbe rare. Les bovins ont remplacé les ovins, mais la toile de fond est identique. Et le style n'a guère évolué non plus, le rythme est lent et les dialogues minimalistes: on n'est pas chez Michel Audiard. Un film pas franchement trépidant, quoi, et l'ambiance y est de plus assez pesante. Difficile ainsi de qualifier son visionnage comme un moment de détente : la première scène, c'est une vache qui vêle !
Il y a néanmoins une différence de taille entre ce film et le précédent. Là où "Béliers" est avant tout une histoire intimiste et très personnelle, celle de deux frères qui sont fâchés, il y a dans "La guerre du lait" une dimension économique, voire politique puisque ces deux domaines ne sont jamais disjoints. Car la communauté des fermiers dont il est ici question est sous la coupe d'une coopérative, à qui les fermiers sont tenus de vendre toute leur production, d'acheter leur matériel et d'emprunter les liquidités nécessaires à leurs investissements. La coopérative est ainsi à la fois leur unique client, leur unique fournisseur et leur unique banquier. Pas de besoin d'être Piketty pour comprendre qu'ils sont ainsi à la totale merci de cette coopérative et quelque peu étranglés financièrement parlant, dès lors que des personnages cupides la contrôlent.
Coopérative contre laquelle Inga, l'héroïne du film va partir en guerre lorsqu'elle prend conscience de certains de leurs agissements, notamment envers son défunt mari. Le réalisateur a-t-il eu l'intention de faire un parallèle avec la situation de l'Islande, qui fut victime de ses banquiers et de ses politiciens avant d'emprisonner les premiers et de destituer les seconds il y a quelques années de cela ? Pas impossible, car le président de la dite coopérative ressemble comme deux gouttes d'eau à un politicien et s'enrichit de toute évidence sur le dos de la communauté, tout en dispensant à celle-ci de beaux discours sur la nécessité de rester unie pour faire front face aux menaces extérieures, en l'occurrence ici surtout les concurrents de Reykjavik. Toute ressemblance avec des personnages existants n'étant que pure coïncidence, évidemment...
Pour autant, le message laisse planer une certaine ambiguïté quant aux solutions à apporter à cette situation. Certains pourraient y voir par exemple une apologie de la concurrence libre et non faussée, d'autant que le film a bénéficié de financements de l'Union Européenne. Le commerce numérisé (Amazon et Facebook sont cités) y est également présenté comme un remède aux maux dont souffrent les producteurs de lait. On laissera néanmoins le bénéfice du doute à Hakorarson : il indique assez clairement - dans la grande scène finale - que la coopérative mise en cause s'est peu à peu détournée de sa vocation initiale pour devenir ce qu'elle est. Et il est ainsi difficile d'interpréter le film comme un plaidoyer contre les coopératives, sachant notamment la façon dont ça s'achève...
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le 15 sept. 2019
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