Ceci est ma première critique , l'indulgence et la tolérance sont de mise à l'image de ce film.
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A l'instar de ses réalisations précédentes, Ken Loach tient à donner une visibilité et une résonance aux personnes démunies ainsi qu'aux laissés-pour-compte, un engagement louable qui lui est caractéristique.
Ken Loach nous livre un témoignage bouleversant sur l'incohérence et l'absurdité d'un système. Il y décrit un véritable casse-tête administratif auxquels doivent se confronter chaque jour des millions de personnes dont nos protagonistes Daniel et Katie.
Daniel Blake a la soixantaine, veuf, charpentier de profession, c'est un homme bon et simple.
Il vit dans un quartier anglais défavorisé aux logements vétustes , où les ordures jonchent les trottoirs, et où même les animaux sont victimes de l'abandon d'une société qui les a oubliés, à l'exemple de ce chien à trois pattes se trainant misérablement.
" He's still there "
"Il est encore là" , ils sont encore là..
Ce chien est l'illustration des personnes évoluant en marge de la société dont on ne sait que faire , qui nous dérangent ..
Daniel doit faire face à de graves problèmes cardiaques qui l'obligent à cesser toute activité professionnelle.
dans le désarroi le plus total suite à une longue vie d'honnête travailleur, il entreprend avec regret les démarches nécessaires afin d'obtenir son allocation d'invalidité et donc de pourvoir à ses besoins. Ladite allocation lui sera refusée par une "professionnelle de la santé" .
Va débuter une lutte harassante de vie ou de mort au sens littéral du terme pour pouvoir obtenir son allocation face à l'hostilité de pôle emploi. Hélas Daniel n'a pas les outils pour faire face aux démarches et aux contraintes technologiques relatives aux services de pôle emploi.
Daniel va rencontrer de manière fortuite Katie, mère célibataire de deux enfants en bas âge, elle est désespérée, et sans travail. Malgré sa propre condition précaire, Daniel va épauler la jeune femme et ses enfants , leurs difficultés respectives vont alors les unir.
Daniel et Katie vont livrer bataille avec acharnement contre cette vie impitoyable ; Lui, avec fierté et jusqu’au bout pour la simple reconnaissance des ses droits inaliénables . Elle avec force et détermination pour ses deux enfants.
C'est un film poignant qui ne peut laisser indifférent ,je pense notamment à la scène de la banque alimentaire; où la détresse et la honte de Katie nous submergent.
Néanmoins, le film est teinté d'une pointe d'humour britannique, qui allège le propos et rompt avec la pesanteur ambiante du film.
Les protagonistes font preuve d'une grande solidarité tout au long du film , qui ne s'apparente aucunement à de la charité, mais bel et bien à un véritable humanisme. Le cinéaste nous offre une critique d'une justesse et d'une authenticité remarquable qui nous touchent en plein cœur.
Citation me semblant à propos :
"C'est parce que nous n'avons pas organisé le monde sous l'inspiration d'un véritable humanisme que nous avons recours à l'humanitaire comme palliatif à cette grande défaillance."
Pierre Rabhi