La télé américaine prend l'habitude de traiter la politique. Et elle prend l'habitude de la traiter de manière sérieuse, peu importe l'ambition qui se dissimule derrière. The West wing en son temps proposait de suivre un cabinet présidentiel idéal, parfait, rempli de gens bien intentionnés et galvanisés par l'esprit du service public. Les autres shows en revanche s'employaient plus souvent à dépeindre un univers corrompu, sombre, aux êres cyniques et aux desseins inavouables. Boss et plus récemment House of cards en sont deux exemples flagrants.
Le cinéma suit peu ou prou la même trajectoire. Rares sont les productions positives ou même second degré.
The campaign (Moi, député) prend à contrepied toute cette frange de la politicTV en jouant la carte de la comédie potache.
Will Ferrell et Zack Galifianakis (qui a acquis son statut de star avec le premier opus de The hangover) s'en donnent à coeur joie, le premier incarnant un vieux briscard trop propre sur lui, expert en serrage de paluches et sourire ultra brite, comblé par le règne de l'apparence qui le porte comme un roi qu'il a pris l'habitude d'être, quand le second campe un boulet, père de famille un peu benêt, qui va attraper le "virus" de la politique et se lancer à corps perdu dans cette bataille apparemment perdue d'avance, et visant à ravir au premier son poste qu'il n'entend pourtant pas abandonner.
S'ensuit alors une joyeuse pagaille, à base de coups tordus visant à s'approprier les faveurs d'un public débile, en proie à la toute puissance de l'image, victime consentante de la mascarade qui se déroule sous ses yeux.
Les gags s'enchaînent sans temps mort même si le rythme n'est pas toujours aussi intense, même si les gags sont parfois un peu lourdingues.
Le tout demeure très cynique : la course au pouvoir, à l'élection et, in fine, au bulletin de vote, n'est qu'une course à l'image, à la publicité, à la notoriété et à la capacité à influencer, à partir de tout ça, sur l'esprit des gens afin de leur faire penser que oui, le candidat est le type idéal pour remplir le job auquel il leur demande de l'élire, qu'il sera un mec compétent et dévoué. Le résultat est tout autre : l'élu ne sera qu'un homme se prenant pour beaucoup plus, usant et abusant de ses prérogatives pour se bâtir un personnage encore supérieur, dans le seul but de perpétuer une idée fausse mais cohérente, et surtout correspondant aux attentes de la masse, de sa personne, puisqu'il n'y a que ça qui compte.
Plus profond qu'il n'y paraît, The campaign brasse pas mal des thèmes de campagne électorale, touchant du doigt le non renouvellement des élus, leur cynisme sans fin, leur ambition démesurée, sans borne, leur égoïsme, le ridicule des figures imposées pour décrocher le saint Graal, ...
Drôle sans être hilarant, plus sérieux qu'il n'en a l'air en dépît d'une lourdeur parfois pénible, il faut voir The campaign parce qu'il faut encourager ce genre de films, capable de traiter de manière décalée mais étudiée un sujet comme celui là.