Comédie sur le vide des hommes au pouvoir autant qu’autour du mécanisme éprouvé des campagnes électorales à l’américaine, The Campaign reste un film sans grand sérieux, une comédie exagérée telle que Will Ferrell les apprécie. Drôles, par moments hilarantes, mais dont ces qualités amènent le défaut :
l’absence de message ou de réflexion poussée.
Il campe ici Cam Brady, un député inutile dont le mandat n’est jamais remis en cause par des électeurs désintéressés et trop facilement manipulables.
La politique américaine répond à des questions pratiques simples pour les lobbys qu’elle sert. Ici, Dan Aykroyd et John Lithgow sont les deux frères Motch, puissants industriels avides, qui aimeraient pouvoir vendre leurs produits fabriqués en Chine avec le logo Made in America, et envisagent pour cela de céder quelques hectares de terrain en Caroline du Nord à leurs sous-traitants asiatiques. Ils ont besoin dès lors de faire passer une loi, et d’un député à leur botte. Ce sera Marty Huggins, le personnage interprété par Zach Galifianakis, grassouillet, pleutre et innocent, qu’ils espèrent manipuler sans difficulté en lui adjoignant un directeur de campagne sans pitié, habitué des magouilles et des coups bas.
Pétages de plomb, violence gratuite,
parodies de spots télévisés, le film démonte par l’absurde la réalité des campagnes électorales outre-Atlantique, où l’apparence et le mensonge, la rumeur et la déstabilisation, sont les seuls moteurs à l’œuvre contre les promesses, les inquiétudes des administrés ou la réalité socio-économique. Mais le divertissement en reste un, c’est une comédie, pas un drame, et le final qui met en avant une soudaine humilité des candidats vers un réel changement est un bien naïf espoir, hautement improbable.
Alors oui, les comédiens font le job. Will Ferrell est comme d’habitude impeccable dans ce rôle d’abruti imbu de lui-même qu’il affectionne tant quand Zach Galifianakis dans un registre un peu en-dessous, dans la retenue, fait le parfait contrepoids à l’outrance de son compère. Les deux poids lourds du casting, Dan Aykroyd et John Lithgow, remplissent le contrat de leurs maigres apparitions avec un plaisir visible et partagé, et Dylan McDermott tire son épingle de la meule de foin avec un rôle sombre qu’il remplit dignement, sans un sourire, parfait.
Mais le scénario, les enjeux, le message, tout est laissé en arrière-plan pour ne mettre en avant que
d’absurdes gags
et la mécanique comique des situations. Le rire plutôt que la réflexion, bien que celle-ci ne soit pas complètement absente. Le hic, c’est que Jay Roach nous a habitué à mieux, à des films plus rythmés, emplis d’émotions et pas si creux. On reste dans la moyenne basse des pantalonnades américaines contemporaines, ce qui, avec un sujet citoyen si important, est plus que dommage. Le film enfonce des portes ouvertes et ne donne aucune clé au public pour envisager de changer les choses, de penser autrement, sinon cette fin mielleuse, digne des politesses naïves d’un dessin animé pour les plus petits.
D’une gentillesse bien niaise.