Moi, toi et tous les autres par Rawi
Miranda July nous offre un premier long métrage frais tendre et complètement décalé. Christine Jesperson (Miranda herself) campe une jeune artiste qui fait de sa vie une œuvre d'art. Elle est spontanée, joyeuse et enjolive la vie de ses clients. En effet, elle loue ses services comme chauffeuse de taxi pour séniors. Sous des apparences rose bonbon, ce film est bien plus doux amer qu'il n'y parait. Il agit comme un révélateur de la solitude généralisée, de la misère affective et sexuelle des gens (même les plus "dans la norme sociale"). En accompagnant l'un de ses clients acheter une paire de chaussures "pour aller aux jeux olympiques", elle pose son regard sur le vendeur. Richard, marié en cours de divorce et père de deux garçons ne se remet pas de sa séparation due à son attitude borderline.
Ces fragments d'humanité nous font bondir d'idées noires en folie douce, de joie enfantine en mélancolie. Car si le côté fleur bleue est bel et bien là, les personnages sont et restent fragiles, modérément encrés dans l'instant et la réalité. Alors, oui, il faut changer de regard sur l'autre, sa douleur et la société en général mais sera-ce suffisant ?
Ce film a permis à sa réalisatrice d'être reconnue à Cannes en remportant la Caméra d'or (pour un premier long métrage) et le prix de la semaine de la critique.