Mommy est le premier chef d’œuvre de Dolan, après de bons films (l’oppressant "Tom à la ferme") et un navet ("les amours imaginaires", où j'ai toujours pas compris l'intérêt). Et il n'y va pas de main morte. C'est typiquement le genre de film coup de poing caractérisant une année, mais il va encore plus loin en offrant là une émotion de plus en plus rare. Car oui, comment ne pas être émeu par ce jeune homme ultra-sensible, se servant de la violence et de l'assurance comme voiles sur sa détresse ? Comment ne pas être touché par cette mère à très fort caractère qui ne sait pas tellement démontrer son amour et n' arrive à l'exprimer qu'en situations extrêmes ? Comment même ne pas s’intéresser à cette voisine si énigmatique qui perd son handicap vocal au contact de ces Damnés, l'arrachant à son quotidien mortuaire ? Ces trois personnages portent le film avec une grâce incroyable. Rien que les dialogues, certains sont d'anthologie. Les acteurs sont impressionnants de justesse et de naturel (Suzanne Clément, pour tout dire, je ne l'avais même pas reconnue alors qu'elle était déjà au premier plan dans "Laurence Anyways"). La mise en scène, avec son format si particuliers (les deux moments où il s'agrandit est une extase pure), constitue un défi visuel très audacieux, et autant dire qu'il s'en tire sans problèmes. Et la BO, déjà très recommandée, est effectivement une sélection digne d'un Tarantino (notamment "Experience" que j'ai découvert grâce à ce film, et qui est magique et impeccablement utilisée), toujours pile au bon moment.
Alors, que dire de plus ? Tu te poses dans ton canap', tu coupes ton portable, tu embarques, et tu te laisses aller. C'est pas plus compliqué que ça. Et t'en fais pas, pendant 2 h 10, tu ne redescendras pas.