Xavier Dolan s'attache à un trio explosif dans la banlieue québécoise : une mère immature, un fils adolescent impulsif et violent, et une voisine renfermée qui cherche un échappatoire. Le tout pour un drame intense et difficile.
On peut saluer d'emblée l'excellente prestation des acteurs, car leurs personnages étaient hautement détestables sur le papier, et leurs premières apparitions donnaient envie d'enclencher la machine à baffes. Diane apparait au départ comme une mère indigne, irresponsable, et vulgaire. Mais Anne Dorval parvient à la rendre attachante, et à faire transpirer l'amour qu'elle ressent pour un fils très perturbé. Steve est quant à lui un insupportable adolescent, totalement irrespectueux et instable. Mais Antoine Olivier Pilon, au-delà d'interpréter brillamment cet énergumène, va rapidement montrer que derrière cette façade se cache un être malade et sensible.
Pour filmer leurs relations, Dolan a opté majoritairement pour un format carré, avec une photographie jaunâtre. Un choix étonnant, voire perturbant au départ, mais qui trouve son sens artistique et narratif sans mal. Ce format d'image permet à la fois de se centrer exclusivement sur les protagonistes, sans diversion, et de s'immerger à fond dans cette ambiance explosive. Les sacrées performances des acteurs étant également mises en valeur par ce procédé.
Enfin, soulignons l'étrange temporalité du film. Censé se dérouler dans un Canada fictif post-2015, le scénario souligne cela avec des écrits faisant références aux années 2010. Mais tout le reste (style vestimentaire, musiques, technologie employée par les personnages) fait ouvertement référence au début des années 2000, période d'adolescence de Xavier Dolan. Cette forme de nostalgie pour le réalisateur ajoute un poids étrange à ce drame costaud.