Maman aimante, mais maman impuissante.
Xavier Dolan, le prodige, le surdoué, le gars qui fait des chefs d’œuvres avant d'être adulte complétement. Dolan, on en parle partout comme du cinéaste nouveau, celui qui porte tout un art d'une façon si prodigieuse qu'il aurait pu (et selon beaucoup, aurait dû) être le plus jeune cinéaste récompensé d'une palme d'or.
Mais dans tout ce foutraque abominable des médias qui encense ce réalisateur comme rarement on en a encensé un, il ne faut pas oublier que le cinéma reste une histoire d'appréciation personnelle. Mommy raconte l'histoire d'une mère, pas très intelligente, dans une galère monstre, qui doit récupérer son enfant ado, turbulent, violent, avec de sérieux problèmes comportementaux. Elle est veuve, n'a pas les moyens de lui faire réintégrer une école.
Tout le film, on suit les relations mère-fils, qui se dégradent et/ou qui s'améliorent. L'arrivée dans la vie du duo familial de la voisine va leur permettre de prendre chacun un bol d'air frais, de se ressourcer, de se relancer. Mommy, c'est l'histoire de la vie d'un adolescent lambda, mais puissance 10.
Le format. Il faut en parler du format de l'écran. Dolan s'amuse à jouer du format de son image en fonction de ce qui se passe dans le film. Prouesse technique pour ajuster son cadre à l'espace restreint qu'il se permet de montrer, il fait suivre de la façon la plus basique qui soit fond du film avec la forme. Car, au final, le basculement d'un format à un autre n'est qu’anecdote, ne servant qu'a souligner encore plus l'état libertaire de ses personnages. Je ne vais pas jusqu'à dire que c'est gadget, mais ça n'a pas amené une révolution dans le regard d'un film, même si le jeu sur le cadre est risqué. La mise en scène est excellente, certaines scènes sont d'une beauté folle et pourtant si basique.
Les acteurs sont sublimes. Ils mettent vraiment leurs tripes dans leurs rôles. Combien de fois nous sommes touchés par la détresse, la peur, le rire des personnages. Dolan arrive à nous faire vire avec ces personnages, nous fait rentrer avec eux dans leur quotidien. C'est la grande force du film, et donc des acteurs.
Sinon, Dolan a la fâcheuse tendance (encore) à se mettre devant l'écran. Rappeler que c'est son film ? Assimiler parfaitement l'analogie entre son personnage et sa personne ? On l'avait compris, Dolan parle de lui. Mais est-il nécessaire de se mettre devant la caméra pour le faire comprendre ? Je ne sais pas, je ne pense pas. Mais c'est le choix de Dolan, et ça le fait encore passer (ce n'est peut être pas vrai) pour quelqu'un de narcissique, adepte du "je". C'est son film certes, mais de ce fait, il annihile un peu le travail de ses acteurs, pour qui ce film est aussi leur film.
Méritait-il la palme d'or ? Je ne pense pas. A vouloir tout, tout de suite, Dolan s'est crée un nom plus fort que le propos de ces films. On ne va pas voir un film sur le rapport mère-fils, on va voir le dernier film de Dolan maintenant. C'est un fardeau qu'il s'est créé, il va falloir enchainer maintenant. Et surprendre. Le peut-il encore ? A lui de le prouver, il aura déjà réalisé un grand film à mes yeux. A moi de découvrir ses autres long-métrages.