Les sceptiques seront confondus
Ca y est. C’est aujourd’hui que sort Mommy. Le petit dernier de Xavier Dolan ! Jouez hautbois, résonnez musettes ! Comme je l’ai vu en avant-première il y a quelques semaines, permettez-moi de vous dire que si vous l’attendez, vous avez bien raison !
Je vous présente Diane. Diane, incarnée par la sublime Anne Dorval (déjà la figure de mère dans J’ai tué ma mère), est veuve et le film débute lorsqu’elle est obligée de récupérer son Steve de fils, mis en institut pour TDAH (trouble déficit de l’attention / hyperactivité). Ils vont devoir se retrouver, (sur)vivre ensemble et tenter de faire cohabiter leurs personnalités explosives. Ils vont aussi faire la connaissance de la voisine, Kila, qui vit avec son mari et sa fille. Elle est prof, très discrète, elle parle très peu, et son regard est celui d’un écureuil effrayé. Bref, elle est tout ce qu’ils ne sont pas. Ensemble, ils vont créer un noyau familial bien à eux.
Ce qui est incroyable dans ce film, c’est la lumière qui s’en dégage. On ne peut pas vraiment dire que leur destin soit joyeux, loin de là. Chacun déborde de fragilité à sa manière : le fils tour à tour explose de rage, danse, crie, rit, étouffe d’amour celles qui l’entourent ; la mère porte des vêtements criards et vulgaires, flirte, fume fume fume, est perdue, éclate de rire bruyamment, étouffe sous l’amour de son fils et l’aime à en crever ; Kila (interprétée par Suzanne Clément, également la prof dans J’ai tué…) porte les vêtements les plus classiques du monde, est toute en douceur puis effrayante lorsqu’elle laisse parler ses émotions, a une belle voix et se laisse totalement séduire par les deux autres. En bref, cette petite troupe est un brin hystérique.
Cependant, et ce de façon constante, dans la réalisation, la photo et même le jeu des acteurs, on retrouve cette lumière solaire. On rit vraiment beaucoup, on respire aussi énormément. Et heureusement, car certaines scènes sont épuisantes de tension pour le spectateur. Le choix de Xavier Dolan de filmer en format portrait lui permet de se concentrer sur ses acteurs, on ne voit qu’eux, il n’y a pas de distraction annexe à l’écran. C’est également par ce procédé que les scènes de cri et de violence font réellement suffoquer le spectateur. On sent la tension monter, monter et au moindre mot plus haut que l’autre on a peur de l’escalade jusqu’au drame. On a toujours peur du mot de trop. Comme on se sentirait dans une famille explosive qui n’est pas la nôtre et dont on ne connaît pas les codes.
Un détail dont on se fiche probablement, mais je l’ai noté : au début du film, on nous dit être dans le futur très proche (2015), cependant la musique qui rythme le film est en grande majorité de la musique datant des années 90 et les téléphones m’en ont tout l’air aussi…Réentendre Vivo Per Lei, Wonderwall, Colorblind, ce sont là les chansons de mon adolescence précisément.
Et comment ne pas parler de cette scène pivot dans laquelle tout se joue ? Steve provoque, Kila est d’abord sur la réserve et observe ce grand blond si intimidant malgré sa jeunesse et Diane se demande si Kila va les accepter. S’ensuit cette incroyable scène où on a envie de chanter et de danser avec eux sur la voix du « trésor national ». Il y a une vraie magie dans cette scène (et c’est une fille qui déteste Céline Dion qui vous le dit). Tout comme dans ce fou rire qui suit et qui m’a moi-même gagnée. On se dit que ça y est, c’est parti, l’espoir est permis. Cette envie de liberté des personnages devient évidente. Et on se détend avec eux.
Bon voilà, il faut que je m’arrête sinon ça va être trop long mais on en parle quand vous l’aurez vu ? Parce que, oui, vous irez voir Mommy, hein. Allez, hop hop hop ! Allez vous prendre cette gifle et vivre ce tourbillon émotionnel. Et après, on en parlera ensemble. Et si toi aussi tu brailles du Céline Dion dans ta salle de bains suite à ce film, ne me laisse pas dans cette solitude : dis-le moi !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.