"Mon bébé" est dans le plus pur style Lisa Azuelos, c'est-à-dire un cinéma au féminin qui met en scène des héroïnes du quotidien et s'adresse en priorité aux femmes. Ce nouvel opus évoquera notamment "LOL", le plus gros succès de la réalisatrice, sorti il y a une dizaine d'années, et qui s'intéressait déjà à la relation mère-fille à l'heure des réseaux sociaux et des familles recomposées.
A l'époque, Sophie Marceau incarnait une quadra moderne et cool, mais dépassée face aux tourments adolescents de sa fille de 15 ans, jouée par Christa Théret.
Désormais, la demoiselle est un peu plus âgée, elle passe le bac et se prépare à quitter le nid familial pour étudier au Canada. La maman est toujours une parisienne bobo attachiante, à la fois permissive au niveau éducatif mais inquiète et plutôt intrusive dans l'existence de sa petite dernière.
Ce personnage de mère au centre du récit bénéficie du talent et de l'abattage de Sandrine Kiberlain, que l'on voit beaucoup trop à mon goût sur les écrans, mais qui trouve ici un personnage à sa mesure. Kiberlain est géniale dans ce rôle - à la fois hilarante et étonnamment crédible - et permet au film de tenir debout malgré ses défauts.
En effet, "Mon bébé" s'avère parfois agaçant par son côté bobo déconnecté des réalités de la population (mais admettons, après tout le film est en grande partie autobiographique, et Lisa Azuelos ne fait que parler de sa propre réalité), et surtout par son propos un peu léger voire superficiel : ainsi, le syndrome du nid vide n'est jamais que survolé, puisque le récit s'arrête au moment du départ de la fi-fille chérie. On ne verra jamais la véritable réaction de la mère face à cette situation déstabilisante, uniquement les projections qu'elle fait avant que cela ne survienne…
D'autre part, les flashbacks qui rythment le récit ne présentent guère d'intérêt, si ce n'est de montrer que Kiberlain est trop âgée pour jouer les jeunes mamans, et ce malgré le maquillage et les éclairages flatteurs.
En revanche, le jeune casting composé de "fils et fille de " n'est pas aussi énervant qu'on aurait pu le craindre : Thaïs Alessandrin est certes plutôt vilaine, mais la fille de la réalisatrice tire son épingle du jeu en tant que comédienne, assez inégale mais pas nulle.
Quant à Victor Belmondo (fils de Paul et surtout petit-fils de Jean-Paul), son personnage pourra irriter mais l'apprenti comédien fait également bonne figure dans le rôle du grand frère protecteur.
Par ailleurs, la distribution comprend également Patrick Chesnais, Yvan Attal et Kyan Khojandi, dans des rôles secondaires parfaitement anecdotiques.
A l'heure du bilan, "Mon bébé" est une comédie de moeurs familiale à réserver à un certain public, mais plutôt agréable dans l'ensemble, qui se laisse regarder gentiment, notamment grâce à Sandrine Kiberlain, impériale dans la peau de cette maman du troisième millénaire.