Il n'est pas interdit de penser que François Ozon n'est jamais aussi bon que lorsqu'il embrasse pleinement sa légèreté. De ce point de vue, Mon Crime peut être envisagé comme une clôture en beauté de sa trilogie théâtrale féminine, entamée il y a vingt ans déjà avec 8 Femmes, et complétée par Potiche en 2010.
Le film affichera donc la même énergie et la même malice, le tout dans une ambiance kitsch qui vaut le détour, mais en poussant un peu plus encore l'espièglerie et une certaine satire aux résonances modernes. Car tout y passe, au delà du simple argument de départ à base de déboulonnage de la misogynie éternelle.Car sur la scène de théâtre que constitue le monde de François Ozon, dont le procès de l'héroïne est le point d'orgue, chaque débordement est dessiné dans une exagération roublarde et irrésistible qui emporte tout sur son passage. Tandis que le rôle de chaque acteur aux assises tient un rôle plus grand que nature dans la bêtise crasse, la fragilité surjouée ou encore l'incompétence lamentable.
De sorte que Mon Crime joue avec une gourmandise ravageuse de l'amoralité de son script, du retournement de ses valeurs et des certitudes de son temps pas si révolu.
Le tout dans des décors somptueux fourmillant de détails, de moins en moins étriqués à mesure que l'intrigue avance dans la libération de son duo vedette. Deux femmes futées renversant les conventions, entourées de cochons et de prédateurs plus ou moins dangereux ou conscients de leur pouvoir.
Une occasion, pour François Ozon, de convoquer une troupe aux horizons différents mêlant jeune garde prometteuse, valeurs sures, fieffés cabotins et inattendu retour couvrant a peu près toutes les chapelles du cinéma français.
Irrigué d'une énergie constante, traversé de couleurs vives et d'éclats de rire parfois mordants, jouant la carte du déjanté animant une galerie de portraits rocambolesques, on sent que le réalisateur s'amuse littéralement en affirmant que justice et vérité ne relèvent que d'un théâtre des apparences. Il s'amuse des sujets sérieux que son film charrie, tout en y glissant des allusions, des non-dits et quelques ambiguïtés... Tout comme il le faisait dans Potiche et 8 Femmes.
Un plaisir de cinéma qui fait attendre avec impatience le prochain lever du rideau rouge de François Ozon.
Behind_the_Mask, qui tuera lui-même la prochaine fois, parce que c'est plus facile.