On serait bien sûr tenté de comparer Mon maître d’école au superbe Etre et Avoir de Philibert. Les deux films traitent en effet d’un même lieu, une salle de classe de primaire, mais l’approche est différente. Ce film-là est peut être moins pointu, moins rigoureux, moins dense,,… il y a peut être des plans aériens ou des musiques superflues, peu importe il est tout aussi beau et émouvant. Ici on filme la dernière année de classe du maître d’école Monsieur Burel avant son départ à la retraite. Ce qui fait la grande force du film, c’est que ce n’est pas n’importe quel documentariste qui filme cet homme, c’est une ancienne élève, une élève qui a eu cet instituteur au début des années 70. Et ça change tout, car le point de vue est infiniment plus personnel, humain et touchant. Toute l’affection qu’elle porte à l’homme se voit à travers la mise en scène, sa manière de le filmer, seul ou au contact des élèves, de saisir son visage, sa parole, ses gestes, tout ça est d’une grande sensibilité et sincérité qui rendent le film bouleversant, au-delà du sujet qui l’est tout autant, le départ de cet homme qui doit faire ses adieux à 40 ans d’une vie passionnée.
Après bien entendu le film stimule le côté nostalgique, tout ça me touche et me parle infiniment, pour avoir vécu ces mêmes années dans une petite classe de petit village, mais le film ne repose pas que sur cet aspect là.
……..
Il y a une scène sublime vers la fin du film, qui résume un peu tout ça. C’est un des derniers jours de l’année, un jour d’été, de ceux où l’on abandonne les cahiers pour jouer dans la cour de récréation.
Un jour à l’atmosphère flottante, coincé entre la nostalgie et l’émotion de l’année qui vient de se dérouler, l’excitation des vacances qui approchent, et celle, mêlée d’inquiétudes et de blues, pour les CM2 qui pensent à leur future entrée au collège.
Le petit Théo, d’origine coréenne, fait part de ses inquiétudes au maître. Celui-ci le rassure, puis lui demande quel est son vœu le plus cher. Théo lui répond que c’est d’aller, un jour, en Corée du sud mais que ça lui semble irréalisable. Le maître lui répond que dans la vie, il faut tout mettre en œuvre pour réaliser ses rêves. Théo flanche un peu et frotte ses yeux qui rougissent. Très vite il veut reprendre le dessus et d’un ton fier rétorque qu’il est fatigué, qu’il a du mal dormir la nuit dernière, mais il ne sait pas à cause de quoi. M. Burel lui répond que lui non plus n’a pas bien dormi, et sûrement pour les mêmes raisons que lui.
Je n’ai pas grand-chose à dire en fait, mais j’ai eu les larmes aux yeux pendant 1h30.