Ce n'est pas un mal de faire pareil que beaucoup d'œuvres avant soi. C'est autre chose, en revanche, de faire en sorte que j'ai eu l'impression d'avoir vu tout le film dès les premières minutes. Mon mérite n'est pas bien grand : Deus l'adresse à ceux qui savent déjà ce qu'ils vont voir, s'appliquant à faire de son introduction une mise dans le bain aussi efficace qu'une bande-annonce.
S'étant solidement doté lui-même de ce préjugé, il y a peu de choses que Mi Mejor Amigo pouvait prétendre démontrer. En conséquence, il réserve remarquablement peu de surprises. Sans envolée d'écriture, ni plot twist, ni interprétation dépassant le stade de la compétence polie, c'est à peine s'il étudie le noyau familial (beaucoup trop wholesome) ou s'il sait quoi faire de ses variations - le conflictuel s'invitant fugacement, par touches vite oubliées, dans une vie qui devrait au contraire être des plus tourmentées puisqu'il s'agit d'adolescents apprenant à apprivoiser leurs sentiments (avec sacrifices familiaux en coulisses, de surcroît).
Ce n'est pas un film insensible ni désagréable à regarder, mais il est pudique. Essayant d'aborder l'homosexualité avec un naturel trop bien-pensant, il n'éduquera hélas pas beaucoup la nation argentine, ni le reste du monde.
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