N'oublions pas que Mon oncle Benjamin date de 1969 et que le (re)voir avec le prisme de 2024 serait une funeste erreur. Il y a une bonne dose d'esprit français dans ce film déluré, entre Ronsard et Rabelais, qui fait l'apologie de l'épicurisme et du libertinage et qui moque les privilèges des puissants, riches ou nobles, dont la morgue et le mépris méritent bien l'opprobre, de nos jours encore. Molinaro n'est pas un grand cinéaste, tout juste un bon artisan, mais il avait sous la main un matériau de choix et il a su donner du rythme et de l'allure à un long-métrage qui rappelle ceux de de Broca, avec un soupçon de paillardise en plus. C'est donc fort agréable à regarder, d'autant qu'à côté de Jacques Brel, qui ne montre que peu ses lacunes d'acteur, les seconds rôles sont somptueux, de Paul Frankeur à Paul Préboist, en passant par Bernard Blier, Lyne Chardonnet, Rosy Varte, Robert Alban, Alfred Adam, Bernard Alane et, surtout, la magnifique Claude Jade.