Le personnage de Benjamin appartient à la tradition romanesque des héros libertaires, populaires et paillards, tel qu'on a pu en trouver, toutes proportions gardées, chez Diderot.
Ce médecin de campagne dispense ses soins généreusement et à l'occasion une philosophie de la liberté où s'ébauche parfois l'esprit républicain en ces derniers temps de la monarchie. Ses aventures galantes ou ses différends avec une aristocratie hautaine relèvent d'une sympathique insouciance à laquelle Edouard Molinaro attachera néanmoins quelques nuances, voire, plus tard, une certaine gravité. Adversaire résolu du mariage et de toute forme de soumission, Benjamin séduit les femmes et humilie la noblesse avec une égale espièglerie.
Jacques Brel est l'interprète convaincu de cette comédie picaresque mais, conformément au genre peut-être, ses aventures manquent de subtilité. Surtout, la mise en scène de Molinaro semble un peu terne, sans relief; tandis que les dialogues, autant que les seconds rôles, n'ont pas la causticité et l'impertinence souhaitées.