C'était tellement évident qu'on ferait le lien que Dev Patel l'a carrément explicité dans son film, son premier en tant que réalisateur : non, Monkey Man n'est pas John Wick et d'ailleurs, il n'utilisera pas le même flingue que le vendeur d'arme lui propose. D'ailleurs, notre Slumdog Millionnaire préféré l'a dit et répété, ses influences se situent davantage en Corée (en particulier Kim Jee-won et Park Chan-wook), le tout saupoudré de culture indienne. Et alors que son film a été lâché par Netflix, il a été récupéré par le génial Jordan Peele pour une sortie en salles. Verdict??
Eh bien, c'est plutôt pas mal, c'est un premier film donc il y a un certain manque de maîtrise, contrebalancé par la générosité de son acteur-réalisateur qui s'est plongé corps et âme dans son projet, parsemé d'idées intéressantes et d'un contexte socio-politique qui n'était pas pour me déplaire. Le problème que j'ai eu à titre personnel, c'est que je connais bien le cinéma indien et que ces histoires de villages décimés par les politiques pour des raisons d'argent, j'en ai déjà vu des dizaines donc il n'y avait rien ici que je n'avais déjà vu auparavant. Tout comme le parallèle qu'a créé Dev Patel entre son personnage et Hanuman, parallèle qui avait déjà été fait très récemment dans l'excellent RRR où les héros incarnaient littéralement des avatars venus de la mythologie indienne. De même, lorsque le protagoniste évoque ses brûlures à plusieurs reprises façon Joker dans The Dark Knight, ça ne marche pas parce qu'on devine facilement ce qu'il s'est passé.
Inversement, si le thème de la vengeance n'est évidemment pas le plus original du monde, Dev Patel a apporté suffisamment d'émotions sur la relation entre le héros et sa mère pour que je puisse m'investir en tant que spectateur. Et cette idée de montrer qu'il gagne en force et en puissance au contact de la communauté hijra avant le combat final était vraiment maligne, une manière de dire qu'en s'unissant, les laissés-pour-compte deviendraient plus fort. Alors c'est vrai que les combats sont puissants et intenses, juste que ça ne tient pas vraiment la comparaison avec John Wick ou Tyler Rake. Mais il y a néanmoins quelques idées de mise en scène vraiment superbes : lorsque le héros essaye d'attraper la lumière d'une ampoule comme Hanuman attrapa le soleil ou ce traveling sur les visages des policiers pour finir sur le grand bad guy qui évoque le démon Ravana et ses dix têtes.
Bref, Monkey Man n'est peut-être pas à la hauteur de sa très bonne réputation, il en reste néanmoins un film très sympathique qui laisse entrevoir ce que pourrait faire Dev Patel en gagnant en expérience en tant que réalisateur!!