Un biopic convaincant, porté par d’excellents comédiens (quitte à parfois, friser le mimétisme).

Fils de réfugiés, chétif, pauvre et à la voix voilée, personne ne croyait en lui, mais à force de bagou, de travail et de persévérance, Charles Aznavourian, cet immigré arménien, a réussi le tour de force, à la fois de se faire un nom, être devenu un monument de la chanson et comme si cela n’était pas déjà suffisant, de devenir un symbole de la culture française (totalisant près de 1200 titres interprétés dans le monde entier et parfois même en langues étrangères).


Réaliser un biopic n’est jamais chose aisée. Arriver à être impartial (le film est coproduit, entre autres, par le gendre d'Aznavour), sans pour autant nous faire un biopic hagiographique comme si on lisait une page Wikipédia. L’exercice n’était pas simple, surtout qu’il fallait résumer l’Histoire de “ce monstre sacré de la chanson française” en un temps relativement court au risque de réaliser une fresque de 4h.


Découpé en 5 chapitres, les réalisateurs nous emmènent à la découverte de la famille Aznavourian, lorsqu’ils ont fuis l’Arménie, arrivée en France sans un sou, Charles voue une passion sans faille pour la chanson et va tenter de percer dans le milieu, mais il devra faire face aux critiques assassines qui l’attaquent aussi bien sur son physique que sur ses origines. C’est avec force, détermination et surtout, une bonne dose de culot, qu’il parviendra à renverser la tendance et à se hisser dans le hit-parade de la chanson française, allant même jusqu’à se risquer à envisager une carrière à l’internationale en marchant sur les plates-bandes de Sinatra, rien ne semblait lui faire peur, il avait une revanche à prendre et il allait s’en emparer.


Avec Monsieur Aznavour (2024), on découvre à quel point Charles Aznavour était un acharné de travail, faisant fi des critiques et de son entourage qui essayaient de calmer ses ardeurs. Sa réussite il l’a doit aussi à ses collaborateurs qui lui ont ouvert les bras (et les portes), à commencer par Pierre Roche et Edith Piaf. Par contre, le film se garde de nous dévoiler ses zones d’ombre (il n’était pas parfait, il a, comme tout le monde, quelques casseroles), mais comme il s’agit avant tout de mettre en scène un biopic-feel-good-movie, il était impensable de ternir l’image du chanteur (ses ayants-droits veillent au grain).


Du côté de la distribution, on aime ou on aime pas l’impressionnante transformation de Tahar Rahim (perte de poids, gestuelle, posture, cours de chant et de piano, …), mais force est de constater que le travail est là et cela saute aux yeux, quitte à parfois friser le mimétisme (dommage). A ses côtés, on retiendra aussi l’excellent Bastien Bouillon et la superbe Marie-Julie Baup dans le rôle d'Édith Piaf.


Grand Corps Malade & Mehdi Idir (Patients - 2017) parviennent à rendre un bel hommage à Aznavour, c’est prenant de bout en bout et on prend un vrai plaisir à réécouter ses plus grands tubes ("J’me voyais déjà", "Hier Encore", "For Me Formidable", "La Bohème" ou encore "Emmenez-moi").


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le 28 oct. 2024

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