Le film retrace la vie de Charles Aznavour, une des légendes de la chanson française, jusqu'au milieu des années 1970 où, à force de persévérance, d'obstination, d'écriture et surtout de travail, ses efforts vont porter ses fruits. Et ce aux dépends d'une vie personnelle écartée.


Disparu en 2018, Charles Aznavour avait validé les deux réalisateurs, Mehdi Idir et Grand Corps Malade, pour réaliser son biopic et grand bien lui en a pris, car c'est tout simplement excellent. Aussi bien dans l'énergie de la mise en scène, avec des moments parfois formidables comme la discussion avec le patron du cabaret au Canada, la reprise de La Bohème chantée en plusieurs langues, une chanson adressée à un travesti et bien sûr, l'interprétation de Tahar Rahim en Monsieur Charles. Je pense que nous sommes bien peu à avoir imaginé un acteur aussi carré et grand jouer quelqu'un de chétif et petit, et pourtant, à force de maquillages, l'illusion passe très bien, jusqu'à chanter lui-même plusieurs titres. Mais bien souvent, on entend la propre voix de Charles Aznavour comme Comme ils disent, J'me voyais déjà, Mes emmerdes et bien entendu Emmenez-moi, une des plus belles chansons françaises.


Le film aurait pu être une hagiographie, mais il montrait à la fois que le chanteur était non seulement quelqu'un de sûr, au risque de paraitre arrogant, mais que son travail acharné lui a coût son premier mariage, ou alors l'influence néfaste, ou non, d'Edith Piaf sur le début de sa carrière, car en fin de compte, elle sentait que son talent aurait pu l'occulter, et elle le voulait à ses côtés comme assistant ou pour ses premières parties de tour de chant, ce qu'Aznavour refusera en claquant la porte. A ce titre, Marie-Julie Baup joue une très bonne Piaf, différente de l'interprétation de Marion Cotillard dans La môme dans un côté plus vachard, n'hésitant pas à appeler son disciple mon génie con !


Il y a bien sûr le côté people qui y est, vu les personnes qu'a croisé Aznavour durant sa carrière, comme Frank Sinatra, Gilbert Bécaud ou bien encore un tout jeune Johnny Halliday pour qui il écrira le très beau Retiens la nuit, mais je regrette qu'on parle aussi peu du cinéma, sauf un passage de quelques secondes sur le tournage de Tirez sur le pianiste où on aperçoit un assez mauvais sosie de François Truffaut.

C'est assez rare dans un biopic mais on voit le travail, en particulier dans l'écriture des textes, mais surtout ce qui étonne, c'est qu'on ressort du film avec une grande tristesse. Car loin de se finir dans la joie comme souvent, il finit sur une forme de mélancolie assez touchante où on sent qu'à 50 ans, Charles Aznavour est au bout d'un système ; usé, rincé par vingt années de travail acharné, mais aussi par un drame familial dont il a du mal à faire le deuil. Ce qui contraste avec les dernières images, les seules où on voit le véritable chanteur faire ses tournées les décennies suivantes, ses engagements humanitaires.


Même si on peut regretter l'application des chansons d'Aznavour citées in extenso, c'est vraiement un bonheur de biopic musical qui va à 100 à l'heure, et porté par des acteurs formidables


Boubakar
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le 24 nov. 2024

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