Monsieur Batignole est sans conteste le meilleur film du Gérard Jugnot réalisateur. Un peu plus grave que dans ses autres films, il incarne à nouveau ce personnage de beauf très vite dépassé par les événements.
La période du film est celle de l'Occupation où Jugnot nous montre le comportement de français en temps de guerre. Comme il a pu le dire à l'époque dans une interview, il y avait cinq pour cent de pourris, cinq pour cent de héros et les autres qui attendaient. Lui est Monsieur Batignole, un charcutier-traiteur, qui justement faisait partie de ces 90% et qui va rejoindre les cinq pour cent de héros en prenant sous son aile trois juifs pour les faire passer en Suisse.
Le film est truffé de rebondissements, parfois improbables où ils s'en sortent de justesse. Ils vont croiser des gens qui vont les aider, d'autres qui vont les trahir. Le film ressemble beaucoup à Un sac de billes, le roman de Joseph Joffo. Bien qu'ils soient entourés d'un adulte, ces gosses sont livrés à eux-même et vont tenter de s'en sortir grâce à leur débrouillardise. Le film est émouvant, humain et on ne mesure pas assez notre chance que de ne plus vivre cette époque de haine, de peur et de délation.