Il est intéressant de relever les points de vue très sensiblement différents entre cette adaptation par Patrice Leconte du roman de Simenon et celle de Duvivier en 1946, deux orientations radicalement opposées tant dans le style que dans le traitement thématique.
Chez Julien Duvivier, le fait divers et drame criminel dont est victime Monsieur Hire est essentiel car il introduit la sombre satire sociale et le populisme qui constituent le sens et le ton fondamentaux de "Panique". L'approche de Leconte est, elle, intimiste et c'est la personnalité de Hire qui est au centre du récit. Le fait divers est longtemps accessoire et son point culminant n'est qu'une dernière péripétie. Leconte explore la personnalité énigmatique de Monsieur Hire, misanthrope et solitaire, et sa relation équivoque avec Alice (S.Bonnaire). Le rôle féminin prend alors une ampleur qu'il n'a pas chez Duvivier.
La froideur et le dépouillement de la mise en scène, le jeu intériorisé de Michel Blanc et l'ambiguité du personnage de Sandrine Bonnaire caractérisent ce drame psychologique qui se transforme en une
histoire d'amour de Hire, sa première peut-être et sa dernière sans doute. Le dénouement sera aussi émouvant et tragique que dans la version de 1946.
Leconte y voit l'aboutissement d'un drame amoureux et, plus largement, humain, là où Duvivier voyait la fin cruelle d'un drame social.