45 années de la vie d'un couple chapitrées dans un film, cela rappelle forcément Scènes de la vie conjugale de Bergman.
Cependant, attention, à ne pas frétiller de l'œil (ou de toute autre partie du corps) trop hâtivement, ce Bedos là (ni aucun autre d’ailleurs) ne peut-être comparé à Bergman, loin s’en faut. Auteur de quatre pièces de théâtre méconnues et surtout, trublion public, Nicolas Devos signe sa première réalisation, adaptant un scénario coécrit avec sa compagne Dora Tillier.
Pitch assez peu original sur le thème du chassé-croisé amoureux, où, au hasard d’une rencontre, d’abord décevante, un écrivain en devenir, va croiser à plusieurs reprises la route d’une jeune (et jolie) étudiante en littérature. Nous sommes au début des années 1970 dans une France en pattes d’eph, contestataire et moustachue (enfin surtout les hommes), et ces deux là vont se séduire un peu, s’éloigner beaucoup, se trouver enfin et vivre une grande histoire d’amour (peut-être).
L’époque est croquée avec un bel à propos, même si l’on flirte parfois avec le cliché, les personnages sont pittoresques, attachants et contre toute attente, le rythme du film est engageant.
La sincérité fait rapidement place au ton un peu pédant du début et ce Monsieur & Madame Adelman devient rapidement un objet de bonne humeur qui attise petit à petit curiosité et désir de poursuivre une délicieuse aventure.
Certes, le film reste imparfait, avec de vraies lourdeurs, qui viennent parfois l’affadir; on pense notamment aux scènes du début avec Pierre Arditi ou aux passages consacrés à l'embourgeoisement du couple traités de manière assez répétitive.
Bedos n'est pas Bergman, mais M.et Mme Adelman n'est pas non plus un film suédois, et nous donne à voir quelques fulgurances, sait provoquer de grands sourires, mais aussi de belles émotions.
Cette chronique est celle de ses deux personnages, très bien écrits, émouvants, dans leurs instants de grandeur et dans leurs défaillances. Mais, plus encore, il s’agit d’une œuvre portée par la présence lumineuse de Doria Tillier, éblouissante révélation en Sara Adelman, dont le charisme devient plus fascinant encore lorsque son personnage avance en âge.