La désormais vieille guéguerre opposant les pros et antis Pixar ne cesse de me confondre.
D'abord parce que je n'ai presque lu que de mauvais arguments chez les réfractaires de la firme de Lasseter et Bird (bien plus qu'elle ne fut jamais celle de Jobs, finalement): ce n'est pas a cause de Pixar que l'animation à l'ancienne à été amenée à disparaître (ou en tout cas radicalement changer). De même, si une norme à longtemps prévalu dans le monde de la fiction numérique, c'était bien parce que la concurrence a longtemps tenté de suivre le rythme de la créativité de la boite à la lampe de bureau, ne trouvant rien de mieux que de singer ce qui se faisait si bien en face. Dernier faux procès, enfin, que de dénoncer une morale ou une philosophie qui serait si lointaine (ou au contraire si proche, selon de quel cote de l'uniformisation U.S. on se trouve) de ce que ses devanciers illustres pratiquaient.
Hasard ou non, à la fusion-absorbion d'avec la souris aux grandes oreilles correspond une réelle parte de vitesse en terme d'inventivité, de folie et de qualité d'écriture, sans qu'évidemment rien ne prouve que ceci ait provoqué cela. (je penche pour ma part , et de manière parfaitement intuitive, pour un désormais manque d'inspiration des seniors, doublé d'un déficit de qualité recrutement au sein de la jeune génération...)
Ce monstres academy illustre en bien des points mes craintes et sentiments vis à vis du studio. Si le scénario est assez habile pour éviter les écueils si manifestes ailleurs, il ne possède plus les qualités d'émerveillement propres à ses devanciers. Le film est donc agréable sans être marquant, fun sans été hilarant, juste suffisamment étonnant sans être tout a fait audacieux.
Et c'est bien sûr un de ces points que j'ai pu mesurer le gouffre implacable qui sépare les Pixar désormais vintage des "moderne". Les deux ou trois éclats de rire (la mère qui écoute de la musique en attendant son rejeton et ses amis, le match de foot, déjà entrevu pendant la BA, ou le jeune qui court pour rejoindre son cour à l'heure (objet de la séquence post générique)) sont désormais bien isolés dans une trame simplement sympathique.
Alors bien sur, et c'est sans doute regrettable, ça reste a de nombreuses coudées au dessus d'une concurrence qui a, elle aussi, suivi la courbe un peu triste du niveau Pixar. C'est peut-être et sans doute un problème qui concerne quelque chose de plus large que le simple univers de l'animation.
Toujours est-il que par un vrai sens de l'universalisme qui nous fait suivre avec plaisir des scènes propres au système universitaire américain, une réelle qualité d'écriture qui permet de ne pas bâiller quand on butte sur un poncif ("ce n'est qu'en équipe que nous réussirons"), -qui suit des personnages "décalés" avec humour mais sans méchanceté- et un potentiel sympathie immense vis à vis de ses protagonistes principaux, cette préquelle ne laisse à aucun moment penser qu'on aurait perdu un bout de son après-midi estival écrasé par la chaleur.
Et c'est bien une gageur, par les temps qui courent, que de se montrer rafraîchissant indépendamment même du recours à la climatisation.