S'inscrivant parfaitement dans la continuité de Toy Story, Pixar continue son exploration de l'enfance avec les protagonistes qui la peuplent. Après les jouets qui prennent vie, ce sont les monstres qui occupent cette fois le devant de la scène. Partant d'une expérience universellement partagée (qui n'a jamais tremblé à l'idée qu'un monstre sorte du placard ou se glisse sous le lit?), le studio à la lampe de chevet donne la parole à ces innombrables créatures qui peuvent transformer une chambre à coucher en salle de torture psychologique le temps d'une nuit.
Le concept est aussi simple qu'ingénieux. Et Pixar a déjà prouvé qu'il ne lui en fallait pas plus pour articuler un univers aussi novateur que brillant. Dieu sait que le studio cumule les triomphes artistiques, mais je considère Monstres & Cie comme sa plus grande réussite avec Wall-E.
Une heure trente de délire ininterrompu, fixant la créativité en première position et maniant l'humour comme une seconde langue. Avec une facilité confinant à l'insolence, le film réussit tout ce qu'il entreprend. Il y a fort à parier que les adultes en conserveront autant de souvenirs que les enfants, tant elles sont rares ces œuvres qui parviennent à faire rire, pleurer et réfléchir.
Car derrière le détournement des codes, derrière les gags à plusieurs sens, il y a une fois encore cette ode à l'enfance qui s'élève, avec tendresse et intelligence. Une hymne qui s'adresse aussi bien à ces joies qu'à ces peurs qui ont contribué à la traverser. En filigrane, on lit aussi l'avertissement adressée par les artistes du pixels à une industrie du spectacle menaçant de manufacturer les émotions qui devraient nourrir l'imaginaire.
Le studio Pixar ouvre la porte aux monstres, et cette fois vous ne voudrez plus les laisser partir.