Soyons objectifs, Moon 44 est une daube. Une daube intéressante, mais une daube. Dans un futur proche, l’économie mondiale dépend d’un essaim d’astéroïdes. Or, un mystérieux et implacable adversaire les a toutes capturées, sauf une : Moon 44. Une mission de la dernière chance est confiée à un pilote (beau) ténébreux et solitaire (Michael Paré) : conduire les navettes chargées du précieux minerai à bon port. Roland Emmerich (36 ans) signe son quatrième long métrage. Si les capitaux sont allemands, le film est tourné et joué en anglais, la cible est le marché US et, plus précisément, ses producteurs.
Le scénario est affligeant et les personnages d’un rare manichéisme :
- La défense de l’astéroïde est assurée par des hélicoptères aveugles et dépendants d’opérateurs radars, reclus au sol.
- Les « hélicos » opèrent dans des canyons obscurs et tortueux.
- Ils affrontent des drones stellaires supersoniques.
- En l’absence de volontaires, la Terre expédie une demi-douzaine de prisonniers.
- Scarifiés et brutaux, les bagnards ont le physique de culturistes bodybuildés.
- Sans le moindre entrainement, ils pilotent sans difficulté.
- Les frêles radaristes semblent tout frais diplômés d’une école de haute couture parisienne.
- La cohabitation opérateurs-pilotes est difficile. Dingue !
- La tension est portée à son comble par un sergent borné, type « Armée des Indes ».
- Quand, surgit une jeune femme, au rôle imprécis…
Je vous épargne la suite. Emmerich parvient pourtant à sublimer son petit budget. Jouant avec les codes d’Aliens (couloirs étroits et dangereux) et de Blade Runner (bâtiments poisseux et matériels usés), il rend les décors de Moon 44 crédibles, malgré un brouillard persistant, aussi improbable dans les canyons et qu’à l’intérieur de la base lunaire. Qu’est-ce qui peut générer une telle vapeur ? On en vient à chercher des yeux l’antique chaudière et les soutiers ployant sous leur sac de charbon.
Peu importe… le film plut aux grand argentiers d’Hollywood. Nous lui devons Independence Day, Godzilla, 2012 et White House Down.
Petite cause, grands effets !
2020