Non, vous n'apprendrez rien. Tout ce qu'il faut savoir sur Bowie a déjà été mille fois raconté, analysé. David Bowie est né le 8 janvier 1947. Il est capricorne ascendant verseau. Cette quasi non info dit assez bien une chose : le propos de Brett Morgen est ailleurs.
DE QUOI S'AGIT-IL ? - Entre trame chronologique et tissage thématique, le réalisateur donne sa vision de l'artiste : un regard de fan, intime et sensible. Les choix - et les impasses - sont particulièrement fort.e.s : pas de drogue, pas d'Iggy ni de Velvet (Brian Eno, quand même), Angie à peine mentionnée, pas de patenité ; jusqu'aux choix des plans live, focus sur le chanteur (peu de Ronson, Alomar, Fripp, pas de Gayl Ann Dorsey, ni même de Mike Garson).
Voilà de quoi il s'agit : Bowie l'artiste, uniquement.
Sa voix évoque son rapport à ses arts. Sa. Voix. Quoi de plus intime ? On l'a écouté des milliers de fois, interprétant des titres qui nous ont bercés, accompagnés, qui nous ont émus, fait pleurer. Cette voix-là nous parle depuis une autre époque. Depuis ailleurs, peut-être. Quoi de plus intime ?
PHILOSOPHIE ET SOLITUDE - On a pu lire que Bowie est loin d'être un philosophe. Ehhhh, vous savez quoi ? Il ne s'est jamais revendiqué comme tel. En tant qu'artiste mondialement célèbre, il s'est exprimé sur des sujets essentiels. Et guess what ? C'est pas parce que c'était Bowie que tout ce qu'il disait était ultra profond et intelligent. Lui aussi s'est planté, et même salement (son flirt avec l'idéologie nazie dans les années 70, d'ailleurs évoqué dans Moonage Daydream). Ca peut valoir le coup de questionner les attentes qu'on place dans les artistes qu'on admire. Les pouvoirs qu'on confère à nos "chimères".
Transparaît, en revanche, dans la proposition de Morgen, une solitude profonde (les plans récurrents sur les escalators, le choix de montrer Bowie seul - en dehors de sa rencontre avec Iman dans les années 90)
Super bonus : la large place donnée au Bowie peintre et plasticien. Ainsi que les créations vidéo.
Moonage Daydream est la vision d'un artiste fan, une oeuvre en soi. Lui reprocher de ne pas amener d'informations (comme je l'ai lu à plusieurs reprises), c'est se planter sur l'angle choisi par Brett Morgen.