Une nouvelle déception de la part de Roland Emmerich

Roland Emmerich, le maître de la fin du monde au cinéma (Independence Day, Le Jour d’après, 2012) revient avec son nouveau film catastrophe Moonfall qui nous rappelle son goût pour la destruction à grande échelle. C'est avec un certain plaisir qu'on le retrouve dans ce registre après l’échec de son insipide Midway, son dernier film en date, qui relatait la bataille du même nom lors de la Seconde Guerre mondiale. Le réalisateur semble avoir perdu de son aura ces dernières années et est même sur la pente descendante depuis quelques années. Outre Midway, sa suite d’Independence Day était un ratage malgré des effets visuels toujours impressionnants. Mais globalement ce film se distinguait par le vide abyssal de son scénario avec un divertissement quasi nul malgré quelques fulgurances. Ce Moonfall a donc tout l'air du dernier espoir pour son metteur en scène. Quoi de mieux que de retrouver deux genres qu’il affectionne en alliant science-fiction et catastrophe. Le film ouvre sur des images d'archive et la fameuse mission Apollo 11 qui a permis à l’humanité de marcher sur la lune en 1969. Le film ne perd pas de temps et enchaîne rapidement en 2011 où on fait la connaissance d'une équipe d'astronautes en pleine réparation d'un satellite qui va se faire attaquer par une force mystérieuse qui semble provenir de la lune. Cette introduction fait son effet et donne le ton avant de revenir sur Terre pour suivre les répercussions de cette attaque. Cependant, personne ne semble croire les dires des survivants de l'équipage et sont tout simplement accusés de négligence. On peine à croire l’intérêt de cacher cette attaque, le scénario va prendre de grandes pincettes pour nous faire avaler des couleuvres. En 2022, le spectateur n’est pas dupe, on croit difficilement aux décisions prises. Parmi ces survivants on découvre Patrick Wilson qui retrouve la science-fiction aux côtés de la revenante Halle Berry qui seront les protagonistes principaux dans ce long-métrage. Puis, le film fait un nouveau saut dans le temps jusqu'en 2021 où on fait la rencontre du troisième personnage interprété par John Bradley, acteur que l’on connait surtout pour son rôle de Sam Tarly dans Game of Thrones. Il joue un jeune homme enchaînant les petits boulots qui semble s'intéresser à l’espace et découvre les mouvements étranges de la lune. Une lune qui sort de son orbite et menace la Terre. Au même moment, la NASA où on retrouve Halle Berry, identifie le danger imminent. Depuis l’accident, l’astronaute joué par Patrick Wilson semble se morfondre, désormais seul et séparé de sa femme et son fils, délinquant qui souffre clairement de l’éloignement de son père. Le film s’attarde sur son trio principal dans cette première partie mais soit c’est convenu et incohérent soit c’est du déjà-vu. Alors que la NASA souhaite cacher cette terrible nouvelle dans un premier temps, l’information est déjà relayée par les médias créant évidemment un mouvement de panique. Le gouvernement décide d'envoyer une mission pour se rendre sur la lune afin de mettre fin à ce mystère. Cependant, le vaisseau sera attaqué par cette même force, une IA agressive. Sur Terre, des perturbations climatiques liées aux mouvements de la lune commencent avec une montée des eaux. On se dit alors que le réalisateur va lâcher les chevaux dans son entreprise de démolition et on va en prendre plein les yeux. Cependant, à part quelques scènes, le film n’offre pas grand-chose et se montre plutôt décevant. Il préfère se focaliser sur son histoire improbable, il est question de secrets dissimulés depuis des décennies autour de la lune. Mais l’histoire est ridicule, on ne voit pas l’intérêt de passer du temps ici, ce n’est pas ce que l’on vient chercher dans un film de Roland Emmerich. L’ombre de Independence Day Resurgence fait son apparition dont ce long-métrage a plusieurs similitudes. A commencer par le traitement de ses trois personnages, le film s'attarde sur leur quotidien de manière caricaturale et les regroupe afin de sauver la Terre. A partir de là, le film décide de lâcher toute cohérence afin de faire avancer son intrigue mais encore une fois, on y croit pas une seconde. En parallèle, les scènes de catastrophe manquent malheureusement d'impact, un comble pour son réalisateur. Si les décisions et réactions des personnages sont incohérentes, que dire de ce détachement de la part de certains face à la gravité des événements. De plus, Roland Emmerich abuse du fond vert dans plusieurs plans, par conséquent plusieurs séquences manquent cruellement d’âme, les scènes sont moins organiques avec un numérique omniprésent. En-dehors de ces quelques errances, visuellement c’est du costaud. Oubliant de raconter quelque chose qui se tient, le réalisateur décide enfin de se faire plaisir et nous offre des plans iconiques parfois bluffants. Il est juste dommage que le scénario soit si débile, le film est en totale roue libre. Notre trio principal décide d’aller se rendre sur la lune et la facilité avec laquelle ils s’y rendent est affligeant. Le film atteint des sommets dans le n’importe quoi. Sur Terre, le fils du personnage de Patrick Wilson décide de jouer les héros à travers des séquences de fin du monde. Dernier souci de ce Moonfall est son montage pénible qui coupe régulièrement plusieurs séquences au cœur de l'action faisant perdre de leur intensité. Le final est tout juste satisfaisant et aurait pu être plus incroyable avec son lot de révélations sur les origines de cette lune mais c’est plutôt mal abordé. Au final, ce dernier film de Roland Emmerich est dans la lignée de ses prédécesseurs avec les mêmes erreurs et ne constitue pas le divertissement jubilatoire qu’on pouvait attendre. C’est encore un échec pour son réalisateur.