1996, studios de 20th Century Fox :
Un jeune technicien à l'allure dégingandé s'approche du bureau de Roland Emmerich. Alors qu'il frappe, il entend un étrange bruit qui le laisse perplexe. La porte finit par s'ouvrir et Roland en personne se présente dans le cadre :
Roland : "De quoi t'est-ce ? Qui va là ? J'ai dis que je ne voulais pas être dérangé !"
Le technicien : "Pardon M. Emmerich, ça ne pouvait pas attendre... C'est à propos de votre prochain film, Independance day... Le studio..."
Roland : "Un soucis avec Independance day ? Sacrebleu ! Ils veulent plus d'explosions, c'est ça ? Je leur ai déjà dit que je ne pouvais pas, Michael Bay est déjà venu gueuler hier ! Et quand il s'énerve le Michou..."
Le techos : "Non, non, en fait c'est au sujet du vaisseau-mère des aliens... Vous êtes sûr que 500 kilomètres c'est une bonne idée ? Non parce que déjà, une flotte de vaisseaux de 25 kilomètres ça fait beaucoup, mais 500 ?
Roland : "Quoi, quoi ? Parfaitement, 500 kilomètres ! Et s'ils sont pas contents c'est la même chose ! Qu'ils viennent pas faire chier alors que le film sort dans deux semaines !"
Le techos : "Tout de même, 500, c'est un peu exagéré..."
2004, même studios :
Le même technicien toque à la porte du bureau. Le même bruit l'interloque. Roland ouvre la porte.
Roland : "Quoi ? Ah, c'est toi ! Carlos, c'est ça ? Carlos le techos ?"
Carlos : "Oui, M. Emmerich. C'est au sujet du Jour d'après. Le studio..."
Roland : "Qu'est-ce qu'il vient m'emmerder le studio, encore ? Le film sort la semaine prochaine, ils en sont conscients ces cons ? Con-scient, t'as saisi ?"
Carlos : "Ils se demandent si c'est vraiment nécessaire de détruire New-York comme ça. Déjà qu'avec Godzilla c'était limite, mais là... Un des gars du studio est de là-bas et ça le vexe."
Roland : "J'en ai foutrement rien à gratter ! J'ai décidé que New-York en prenait plein sa poire (la Grande Pomme, dans sa poire, t'as saisi ?) alors ça se passera comme ça ! Et on s'en fout, l'autre type arrive à emballer la minette et son papa vient les sauver et le monde va bien après."
Carlos : "Je sais, mais... M. Emmerich, vous vous sentez bien ?"
Des larmes jaunâtres perlent aux yeux de Roland Emmerich, tandis qu'un grondement provient de son estomac.
Roland : "Le chinois de ce midi, il décoiffe sec..."
2016, même endroit :
Carlos frappe à la porte, entend le bruit étrange et, cette fois, entre sans attendre. Roland lui tourne le dos et sursaute. Quand il se retourne, Carlos remarque les larges rides sous ses yeux.
Carlos : "M. Emmerich, ça va ?"
Roland : "Tkt, je gère."
Carlos : "C'est le tournage d'Independance Day : Resurgence qui vous met dans cet état ? Vous travaillez avec tant d'acharnement, c'est mauvais à votre âge..."
Roland : "Quoi mon âge ? Je vais très bien, jeune sot ! Dis-moi plutôt pourquoi tu me déranges, alors que j'ai dit..."
Carlos : "C'est encore le studio, pour Independance Day. Il y a vingt ans, ils trouvaient que vous exagériez avec le vaisseau de 500 kilomètres, mais là... 5000 kilomètres, vous êtes vraiment sûr ? Et une reine alien de 60 mètres, c'est utile aussi ?
Roland : "Le film sort demain, c'est bien le moment de me dire ça ! Qu'est-ce qu'ils s'imaginaient, que j'allais leur sortir les ingénieurs de Prometheus ? Ce film a pas marché parce que les aliens étaient pas assez grands, c'est tout !
Carlos : "Mais ils s'inquiètent de votre incompréhension de la notion de grandeur. Déjà que vous avez pulvérisé la terre dans 2012... À croire que vous aimez voir la terre se faire détruire."
Roland : "Hein ? Que ? Hum hum, mais non enfin ! J'aime montrer que l'Amérique peut affronter n'importe quelle menace ! Même la fin du monde ! Oui oui oui !"
Carlos : "Qu'est-ce que je leur dis alors ?"
Roland : "Qu'ils aillent se faire mettre."
2021, studios Centropolis Entertainment :
Carlos frappe à la porte et entre immédiatement. Il découvre Roland au sol, la bave aux lèvres et les naseaux écumants.
Carlos : "M. Emmerich !"
Roland : "Grmblbl... Tout va bien... Grmblbl... Jeune éphèbe... Le thaï d'hier soir a du mal à passer... C'est pour quoi ?"
Carlos : "C'est au sujet de Moonfall. Le studio râle sur le scénario."
Roland : "Eux aussi ? Putain, je pensais être tranquille en quittant la Fox ! Qu'est-ce qu'il a le scénario ? J'ai eu l'idée en regardant mon gamin jouer à Majora's Mask, voilà ! Si chez Nintendo ça marche, je vois pas pourquoi ça marcherait pas avec moi !"
Carlos : "Vous avez un gamin ? Je croyais que vous étiez..."
Roland : "Ta gueule."
Carlos : "Enfin, ils râlent surtout sur les scènes secondaires. Vous savez, les scènes familiales ? Ils disent que ça ressemble trop à 2012, avec le héros qui est divorcé, son gamin lui en veut et sa femme s'est remariée..."
Roland : "Mais on s'en cire la queue de tout ça ! Moi ce que je veux c'est la destruction de la terre ! Des explosions partout ! Attends, ce n'est pas..."
Roland s'arrête, ouvre la bouche et un jet de vomi bleuâtre en jaillit. En même temps, sa peau faciale glisse comme un masque et tombe, révélant un visage difforme et vert vif. Les yeux, énormes et brillants, se posent sur Carlos, qui se défèque dessus.
Carlos : "M... M. Emme-mmerich ?... Que..."
Roland : "Hélas Carlos, je suis découvert ! Je ne m'appelle pas Roland Emmerich, mais Glubzuluk Krath'Nortaanh. Je viens d'une planète très lointaine et... en fait on s'en fout."
Carlos : "M-mais... C-comment..."
Roland/Glubzuluk : "Je ne viens pas en paix, Carlos ! Si je suis sur terre, c'est uniquement pour vous détruire ! Et bien que j'ai eu mille fois l'occasion de le faire depuis des années, je me suis contenté d'attendre ! Cette entité dans Moonfall, eh bien elle me retranscrit à merveille ! Mais oui, elle aurait pu mille fois détruire la terre sans la lune mais elle a préféré y aller sans se presser. Comme Zorro. T'as saisi ? Bref, tu l'auras compris, mes films sont un message. Un message que j'adresse à la terre : un jour, je vous pulvériserai ! Vous aurez beau essayer de me contrer avec un virus de Windows 98, ça ne servira à rien ! Je vous ai fait croire que c'était possible, mais c'était pour mieux que vous baissiez votre garde ! Ha ha, je suis un génie ! Je... ! Carlos ? Tu viens de te chier dessus ?"
Carlos : "Ou-ouiiiiii..."
Roland/Glubzuluk : "Enfin Carlos, je ne vais pas te manger ! Tu n'es ni chinois ni thaï ! Et puis tu m'es très sympathique et fidèle depuis tant d'années ! Tiens, tu sais quoi, je vais même te révéler mon prochain scénario, si ça te dit ! Ça s'appellera Supermassive Black Sun et ça racontera l'histoire du soleil qui se transforme en trou noir et attirera UNIQUEMENT la terre, mais l'Amérique et UNIQUEMENT l'Amérique balancera des bombes nucléaires dedans, et tout sera réglé parce qu'ils auront accroché un IPhone avec une danse TikTok qui tourne dessus, parce que rien n'est plus répulsif que ça. Qu'est-ce que tu en dis ?"
Carlos : "Heu... qu'il va falloir changer de studio ?"