Ah ça ! Il n'y a pas à dire : quand un film est le produit d'un artiste vraiment singulier ça se ressent tout de suite. Après avoir vu ce "Moonrise Kingdom", le reste de la production de cette année me paraît soudainement bien banal et sans âme. Voila un auteur qui sait planter son univers, explorer l’humain au-delà des conventions habituelles, et surtout raconter une histoire avec une légèreté incroyable. C'est qu'en plus, contrairement à d'autres auteurs qui recyclent en permanence leur fond de tiroir au point de nous dégoûter de leur univers – je ne citerais pas de nom par pudeur (...mais disons pour indice que l'un d'entre eux vient justement de sortir un film la semaine précédente avec Johnny Depp comme victime) – la force de Wes Anderson vient du fait qu'il sait faire de chacun de ses films une entité unique clairement distincte de ses autres œuvres. Certes, dès les cinq premières minutes, on retrouve ces couleurs, ces personnages à part, et ces habitudes de tournage qui font désormais la patte de l'artiste, mais cependant l'univers exploré et le chemin emprunté est toujours aussi riche de détails et de surprises. Alors certes, ceux qui sont allergiques à Wes Anderson risquent une fois de plus de rester sur la touche. Les autres par contre, devraient s'y retrouver sans sourciller. Pour ma part en tout cas, ce "Moonrise Kingdom" a été un grand moment de découverte, de plaisir et de rire. Pour le moment, j'ai même aucune hésitation à le déclarer meilleur film de cette année. Vous comprendrez donc que je ne peux que vous inciter – vous obliger même ! – à aller voir ce rayon de lumière au milieu du brouillard ambiant...